Mardi ?

   84 ans.

 

De Londres à Constantinople.

(Amusant, on voit les destinations... Paris. Munich, Vienne, Pesth, Bukarest, Belgrade, Constantinople.

Durant quelques secondes je me demande: merde c'est quoi cette ville: Pesth ! Par ailleurs il est aussi

curieux de constater qu'on ait gardé si longtemps le nom de Constantinople, bien que la victoire

des Ottomans date de 1453). 

 À pieds, de 1933 à 1935.

Une de mes deux bibles * . À la longue le style "paysagiste" de l'auteur pourrait devenir lassant. 

C'est pourquoi je le lis et relis très doucement. 

* Mon autre "Bible" étant: Le livre de l'intranquillité de F. Pessoa. 

À Nice on accuse beaucoup le gouvernement pour ce qu'il n'aurait pas fait comme de ce qu'il a fait ou aurait fait. Nice n'est "française" que depuis 150 ans. Ces derniers 70 ans elle vote à Droite. Pourtant c'est, lit-on, la ville qui exporte vers la Syrie le plus grand nombre d'islamistes. Et puis a-t-on jamais connu une police infiltrée par la Gauche !

- Papy ?

- Oui, j'aime virevolter. Parce qu'hier j'écoutais quelques Stambouliotes (habitants de Byzance-Constantinople-Istanbul) expliquant la chute du tourisme en leur belle ville. - 40% ! Nice (-20% depuis cette semaine, lis-je). 

Comme à Nice, certains accusaient le gouvernement turc. Rigolo: en France ça m'énerve qu'on pointe "Paris", en Turquie je suis prêt à condamner "Ankara". Et en développant on arriverait sans nul doute à justifier cette contradiction. 

Rigolo encore : Constantinople me fascine pourtant je sais que je n'y mettrai jamais les pieds. Il y a des villes qui sont le point de rencontre de différentes cultures... comme le raconte bien Claudio Magris dans son "Danube". Trieste en fut une, Alexandrie en Égypte, Singapour plus récemment (moins loin dans l'histoire). Point de rencontre ? Oui, un peu comme les plaques tectoniques. Parce que bien évidemment il existe des villes où se mêlent historiquement de multiples cultures, Paris, Londres, New York.

- Tu clarifies, O Mon Papy, wouaffff ! 

L.T. 

P.S.: Nos visiteurs vietnamiens sont maintenant à Interlaken, au cœur de la Suisse. Peut-être les reverrons-nous un de ces jours. Mais laissons-les à leurs découvertures et possibles déconvenues. 

 

Brueghel, 1557.

Je pensais bricoler ch'matin et puis la paresse prend le d'ssus et j'm'laisse faire. La paresse est un péché que je commets de temps à autre et il s'en suit toujours un sentiment de culpabilité. Pourtant j'ai lu "Seneque", enfin un peu... ! Paul Lafargue (beau-fils de K.Marx)... un peu. Thomas d'Aquin... un troisième peu. 

"Exemple de développement sur ce sujet(noter l'absence d'acédie et de luxure, et à la place la rancune et l'égoïsme) :

« Les pensées génériques provenant de la partie concupiscible sont trois : celle de gourmandise, celle d'avarice et celle de vaine gloire, car on désire soit des nourritures, soit de l'argent, soit la gloire ; mais la cupidité, la vaine gloire et les autres pensées de la partie concupiscible sont précédées par l'égoïsme (philautia). Seule la pensée de tristesse ne comporte pas de plaisir. Celle de l'orgueil est sans matières. À celles de rancune (μνησικακία / mnêsikakía) et de colère est liée la tristesse. Toutes aboutissent à celle d'orgueil, mais se ramènent à celle d'égoïsme. Celui donc qui n'est pas égoïste est forcément aussi ennemi du plaisir, car devenu maître de lui, il les a évidemment toutes maîtrisées. »

— Chapitres des disciples d'Évagre, ch. 69 (Géhin, p. 166-168)"

"Acédie" étant le nom donné autrefois à la paresse.

Intéressant aussi de voir le lien qu'on fait, dans ces péchés, entre ceux qui "donnent du plaisir" et ceux liés à la "tristesse". Il y a donc les "bons péchés" et les tristounets. Ainsi quand on choisit de choisir ou quand on se laisse aller, il est préférable, pour le fautif, de se laisser emporter par un vice plaisant plutôt que par la colère, la rancune et la tristesse. 

- Tu vois ma Juju, il y a du bon dans une éducation catholique, je dis bien catholique parce que du côté des héritiers de la Réforme c'est à oublier, bien que certains pasteurs soient sincères et clairvoyants. Il y a du bon chez nous les "Romains", pas que du bon c'est vrai. 

Le pardon, par un exemple. Le sacrement de la confession, ça fait rire les mécréants, les athées. Ils ne veulent y voir, ces paresseux, qu'un passage à la machine à laver le linge sale. Laissons-les penser. Le mystère du pardon, exploité depuis 100 ans par les croyants freudiens, ce mystère contient le besoin d'aimer et celui de survivre. On découvre cette sensation dans le livre de Semprun:"L'écriture ou la vie" Entretien avec Jorge Semprun pour L'écriture ou la vie, Gallimard. Pourtant Semprun n'est pas le prototype du bon catho ! 

Le pardon c'est autre chose qu'un nettoyage, qu'un compteur remis à zéro. Vrai aussi... le pardon a protégé l'injustifiable.

Il y a donc du bon dans la doctrine "romaine" (catholique, don). Définir la gravité des péchés, c'est d'abord dire ce qu'est un péché et accepter que les fidèles ne fassent qu'en commettre au long de leurs jours. Chacun espère se libérer du vice buvant l'apéro, caressant (discrètement) les fesses de la voisine.

- Encore une tournée, la Madelon.

On espère devenir meilleur, ou moins mauvais, et notre bonne Église (la Romaine, l'Unique, don) vous encourage:"T'es pas sorti de l'auberge mais ne désespère pas". 

- Troisième tournée, Mado remplis nos verres. Juju. J'aime être catho. Le mysticisme, la prière (attention extrême), le pardon, les légendes, Noël, la compassion, le troupeau de moutons... c'est moins chiant que celui qui m'explique les théories racistes de l'évolution selon Darwin, que fumer, boire ch'est pas bien-mon-n'veu, que ne pas croire en la beauté de la Vierge Marie est un choix intelligent. 

- Attention ! Je ne tente de recruter personne. Y'a des gens qui écrivent que la religion doit rester dans le domaine de la "sphère privée". Voilà une ânerie qui dépasse les miennes. Il n'y a de FOI (religieuse ou pas) qu'à travers un groupe, un corps, une agglomération, une communauté, un pays. Privé ! Ceci dit chacun garde sa liberté, personne n'est obligé de s'inscrire au club de boules du village. Par contre... jouer tout seul aux boules ? C'est comme se masturber devant un miroir.... quand même, deux boules ! 

Les défenseurs de la laïcité répondraient (peut-être, ne parlons pas pour eux), ils diraient que c'est une manière de définir les frontières qui doivent séparer (oui) les affaires d'un état démocratique des croyances personnelles de ses concitoyens. On est d'accord. 

Il y a 54 ans je me suis condamné à mort lors d'un procès. Depuis je vis dans le couloir, un joli couloir. Pas une semaine sans que je pense:"Finissons-en". Par un cadeau du Ciel je suis né en Terre chrétienne. Sans cela je ne saurais pas lutter contre mes peurs. 

- Papy, faut-il toujours.....

- Oui. John Cale - Hallelujah (Lyrics) (best version) - YouTube

Plus tard, en soirée... ils tuent les vieux maintenant. Je suis content de savoir prier. 

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