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Au gré de la plume
29 juin 2016

Tout et rien...

 

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Nous sommes TOUT et rien à la fois. Si vous croisez Dulcinée ne lui parlez pas de cette histoire. Elle aurait le sentiment que je m'en amuse. 

Hier une de ses amies vietnamiennes lui envoie un message. Le courriel dit qu'une famille hanoienne de leurs proches aurait besoin d'aide ou de conseils. 

Voilà. (Un des leurs) Monsieur B.Q.T., vient de mourir à Fribourg (ville), précisément le 23.06.2016. Il aurait été réduit en cendres et  sa famille souhaiterait ramener ses restes en terre natale. 

Je ne sais pas. Quand on raconte une histoire, une anecdote, faut-il le faire en suivant la chronologie ou n'est-ce pas plus "spicy" de s'offrir des flashbacks ? 

De mail en mail Dulcinée en apprend un peu plus, pas beaucoup plus. On reçoit une copie du certificat de décès (bilingue, francais et allemand). Le document est signé par un médecin du service des urgences. En bas de page on découvre une croix devant l'indication: "mort suspecte, suicide, délit,....". Le document confirme que le décès de B.Q.T.  a eu lieu à son domicile, en périphérie de la ville de Fribourg. 

Leur requête: trouver une procédure permettant d'envoyer les cendres au Vietnam. Ils, cette famille, don, auraient envisagé d'envoyer quelqu'un pour les chercher, ici à Fribourg. 

Oui, mais... hors l'objectif du voyage (récupérer les cendres du malheureux pour les ramener sur la terre de ses ancêtres, je précise "récupérer" et "ramener"), hors cet objectif des questions se posent...

Qui payera, et quoi ? B.Q.T. a divorcé il y a trois ans (semble-t-il), avant-hier il était âgé de 64 ans et paraissait convaincu de sa fin prochaine (maladie ?). 

Aidons, dis-je...

Mourir seul ? 

Ce mardi matin nous nous rendons au poste de police (cantonale) de Fribourg. Une dame nous écoute, se renseigne et nous envoie aux bureaux de l'Office de Paix de l'arrondissement de la Sarine (en somme le bureau du district). Elle nous confirme qu'en notre qualité les accès à certaines "données" seront limités.

Sur place un aimable monsieur, très au courant du dossier, nous donne quelques informations. L'une est surprenante: selon une annonce parue dans la presse locale, aujourd'hui aura lieu à l'église Saint Paul une cérémonie qu'on peut qualifier de funérailles. Le faire-part ne fait allusion à aucune relation de famille. À ce point et sur la base de ce que l'on avait appris... ce pauvre monsieur aurait déjà été réduit en cendres.... (on verra que non, plus loin). 

Le fonctionnaire nous suggère d'aller au bureau de l'aide sociale (de la ville), une personne y suivrait ce dossier. Hélas elle est en réunion. Je laisse mes coordonnées à sa collègue. 

Elle me rappelle un peu plus tard (13h30). Oui la cérémonie aura lieu ce jour à l'église Saint Paul, à 15heures. Oui c'est son ex-épouse qui a transmis à son ex-belle famille au Vietnam le certificat de décès, oui il n'ont pas de descendance, oui il existe un neveu en Allemagne qui pourrait éventuellement récupérer les cendres. On apprend qu'un parent vivant au Canada se serait aussi manifesté.

Les frais d'incinération seront pris en charge par le service social de Fribourg. Si un prétendant à son héritage se manifestait il devrait alors rembourser ces frais, sinon... signer une renonciation à un possible héritage. 

B.Q.T. ? Qui était-il ? Il aurait su sa mort prochaine et aurait organisé sa "fin". Organisé ? Son ex-épouse ne tient pas à en faire trop. Elle est intervenu à la demande du médecin légiste. 

B.Q.T. était un Vietnamien.... Allemand. Pourquoi est-il venu en Suisse ? 

On le voit, tout y est. La diaspora vietnamienne éparpillée à travers le monde. Le désir de voir les cendres du défunt ramenées (?) au Vietnam. Il y va du bien-être futur de toute la famille...Pourquoi, quand, comment cet homme s'est-il expatrié. Son ex-femme (nationalité ?), leur divorce.

Les aspects administratifs et juridiques sont aussi "intéressants", sans morbidité. Qui peut intervenir, comment "expédier" une urne funéraire à travers le monde. Qu'en pensent les compagnies aériennes, les douanes,..

Bien évidemment le tragique destin de cet homme, "planificateur de sa mort" nous laisse perplexes, bon catho notre BQT ? 

Comment réagit une "ex-femme" dans une situation pareille à celle-ci ? 

Bon, il est l'heure, on va à l'église.... 

15heures...Eglise St Paul dans un joli quartier de la périphérie fribourgeoise. Deux prêtres vietnamiens conduisent la cérémonie, en fait une messe. Une cinquantaine de personnes.... de souche vietnamienne + moa. L'"ex" est au premier rang.

Dulcinée n'est pas à l'aise si près du mort. Elle sort, elle revient, elle me fait des signes. Je dois parler aux gens des "Pompes". Les deux bonhommes apparaissent au bout d'un moment. Le sacristain m'avait simplement informé:

- Ils ont été boire un café en attendant.

Les "Pompes" s'en foutent. C'est "Fribourg" qui payera les frais, eux garderont l'urne quelques mois. Après ! Après ils contacteront l'ex-épouse une dernière fois, si des fois... avant de balancer les cendres à la fosse commune. Alors au cas ou quelqu'un d'autre en voulait.... pas de problème. 

Dulcinée leur pose un tas de questions. Ils répondent avec patience. 

- Pour l'envoyer toute seule ça va coûter cher et puis il faut un tas de papiers, dont un signé par le Préfet. En bagage "accompagné" c'est moins compliqué mais faut déclarer clairement ce que contient l'urne pas essayer de la passer en douce...

L'homme continue: Y'a un n'veu d'Allemagne qui m'a contacté, il viendra une fois ou l'autre pour chercher l'urne.

Là, ça se gâte... Dulcinée lançant que cet arrangement ne tient plus, la famille du Vietnam veut "traiter" directement avec les "Pompes". J'essaie d'intervenir... Le monsieur des "Pompes" en a assez de ces conneries de familles vietnamiennes. Dulcinée me renvoie dans ma caisse...

- Tu ne sais rien...

Pendant ce temps la cérémonie continue. Sans nous. Pauvre BQT. 

Nous voilà de retour à la maison. Elle rédige son "rapport" à l'attention de ses amis au Vietnam (eux-mêmes amis de la famille du défunt). Les vieilles choses du passé, le Sud, le Nord,.... le temps, la mort n'y peuvent rien. 

TOUT est là. Un moment j'ai pensé que je pourrais écrire une "nouvelle" en imaginant l'exil de ce monsieur, pourquoi quitter l'Allemagne pour la Suisse. Pourquoi ça n'a pas marché avec son épouse, Vietnamienne elle aussi, exilée elle aussi. 

- Arrête tes conneries, a soufflé une petite voix, le Vietnam c'est fini.

Nous sommes TOUT et rien à la fois. Si vous croisez Dulcinée ne lui parlez pas de cette histoire. Elle aurait le sentiment que je m'en amuse. 

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