A livre ouvert 20.03.2013
Bref et maladroit éloge de la passion. Qu'on se rassure je ne parlerai pas de celle qu'on va célébrer dans une dizaine de jours.
Un mot quand même sur ce prochain dimanche des Rameaux, une "fête" que j'aime beaucoup, Jésus sur son âne qui entre à Jerusalem acclamé, nous rapporte-t-on, par une foule qui moins d'une semaine plus tard demandera sa mise à mort.
En catho (fidèle sinon bon) j'ai suivi avec émotion la « célébration pour le commencement du ministère pétrinien de l’évêque de Rome ».
La passion ? Je n'ai pas peur de prendre le contre-pied de certains grands et admirables philosophes qui la réprouvent sévèrement. Je pense en effet qu'il est réjouissant ou plus ravigotant d'ajouter quelques épices (x,y ou z) aux épinards d'Epicure le végétarien ou aux masturbations de Diogène-dans-son-tonneau. Il y a cinquante ans j'avais écrit un texte, forcément niais, sur la passion des mots et je l'avais signé: L., néantologue et piéton de l'absurde.
La passion, qu'est-ce à dire, caisse à sable, lorsqu'on est un homme vieillissant ? La passion au ralenti ! La curiosité et la révolte (peu importe sa vanité).
L'ennui c'est que la passion contient toujours une certaine violence. Et inversement. On l'observe lors des copulations, celles des animaux par exemple. Et l'"homme" déflore dans la passion et la violence.
La naissance d'un enfant. Ou alors un examen final au collège ou ailleurs, L'épreuve imposée à l'étudiant(e), la conscience d'un possible échec. Après tout les enfants pourraient venir au monde par césarienne et les élèves obtenir leur diplôme "tranquillement" à la fin d'un paisible cursus.
Les guerres, la misère, les injustices torturent les ames sensibles, celles perméables ou victimes de passion(s). La sagesse (des philosophes) devrait nous forcer à tout faire pour que cessent les luttes meurtrières, pour partager notre "trop" avec les nécessiteux, pour réclamer l'imposition des Droits de l'homme. Si on s'accommode de toute cette merde, en essayant le plus souvent de s'en distancer avec prudence, ce n'est pas qu'un aveu (intime ou public) de notre impuissance, c'est bien que l'on considère ce Mal comme ayant sa place acquise. D'une manière (celle des trois singes par exemple) ou d'une autre on tolère ces Laideurs.
L'homme vieillissant vit une passion lente.Devenu craintif, il ne se fait plus que de douces violences.
Il y a quelques jours Juju chassait un invisible rongeur dans la cuisine. Un rat, une souris ? Lorsqu'une de ces bêtes choisit de prendre ses quartiers "chez nous", c'est qu'elle a quelques desseins, il fait froid dehors, il pleut trop (l'eau les chassant des égouts souterrains) ou alors elle cherche un coin pour pondre sa prochaine nichée. C'est là que le bat blesse.
Pourtant je n'ai rien fait, rien dit. Dulcinée a, en ce sujet particulier, une approche "définitive". D'abord elle a peur de ces animaux, ensuite elle craint pour ses réserves.
Finalement j'ai aperçu furtivement l'intruse, une petite souris au pelage foncé. Je n'ai rien fait, rien dit. Hier soir hélas, alors que Dulcinée redescendait en cuisine "Marguerite" farfouillait, probablement à la recherche de son repas nocturne.
- Il y a une petite souris à la cuisine.
- Ah ! (Faux-cul ce papy). Et ? Tu veux que je la tue ?
Dulcinée me refit la liste des probables inconvénients à venir si on ne la chassait point.
- En somme tu veux que je la tue. Alors dis-moi: "je veux que tu la tues".
- Oui.
- Non, Dis moi que tu veux que je la tue. Parce que moi je n'ai plus "envie" de tuer.
En 18 ans, combien en ai-je zigouillé de ces "Marguerite"? Il suffit en effet de dire à la chienne! "Elle est où Marguerite" pour que Juju se mette à fouiller tous les coins espérant tordre le cou d'une envahisseuse, pour elle toujours la même. Des "Marguerite" j'en avais civilisé quelques unes autrefois, celles qui acceptaient de vivre et loger dehors. Juju et Bushinet venaient tour à tour, piaffant, les observer par la fenêtre (de la cuisine) lorsqu'elles mangeaient en famille sur le bord du mur extérieur.
A l'heure d'aller coucher j'ai donc installé le piège. Une sorte de livre qu'on ouvre, le dedans étant couvert d'une glu inodore. On pose un bout de fromage et on attend. La gourmande, elle, attend que l'obscurité vienne et s'aventure imprudemment vers sa triste fin. Le "système" n'est pas physiquement cruel, il l'est "moralement" ou "psychologiquement". Pensez, la souris (ou le rat) reste collée sur cette surface... avec un bout de fromage qu'elle ou il n'a plus la moindre envie de manger (pourtant qu'il sent bon, hum). Plus l'animal se débat plus il s'embourbe dans cette colle tout en restant parfaitement conscient et sans la moindre blessure.
Je sais tout cela. Alors j'ai dit à Dulcinée: - Tu iras voir dans une heure. Elle sera là et je viendrai ensuite la tuer. Elle ne s'angoissera pas la nuit durant. Ma conception du traitement (radical) de l'angoisse est plutôt étrange !
C'était là ma "vengeance". Il n'a pas fallu une heure. La souris pleurnichait comme un bébé. J'ai fait une photo (en bas de page, avertissement), j'ai refermé le "livre", j'ai saisi un morceau de bois et vlan x 4. L'expérience m'a appris à ne pas rater mes coups.
La passion de l'homme vieillissant c'est cela, tuer un petit et joli animal, fort nuisible, en sachant qu'on ne vaut jamais plus que lui. R.I.P.
Sensiblerie, chais pas ? Une sensibilité héritée du Ciel, possible. Mon père, au bout de son agonie, ne se trompait pas en écrivant dans un petit carnet à l'attention de mes ainés (un carnet que me donnera bien plus tard ma grande soeur): "Prenez soin de votre petit frère, il est fragile". Était-ce donc si évident ?
Gamin j'ai souvent observé mon oncle ou des bouchers égorger des poulets, déshabiller des lapins, trancher la gorge de cochon ou de veau, à vif.
Lorsque j'étais enfant ma mère, que j'accompagnais parfois à ses veilles de nuit à l'hopital, me faisait traverser la morgue (un raccourci). Adulte, j'ai travaillé longtemps (14 ans) dans l'univers de la maladie et des accidents, j'ai assisté à des centaines d'opérations, j'ai "reçu" de graves blessés lors de mes gardes aux urgences. Et puis j'ai été complice de plusieurs meurtres, toujours dans ce même environnement de la "santé". Alors sensiblerie ?
Plus tard au Cameroun j'ai découvert les premiers ghettos pour malades du SIDA, combien de léproseries ai-je visitées ? Libreville, Bangui, Brazza, Douala... et ici au Vietnam. Sensiblerie ?
Vrai aussi que je lâche facilement une larme en regardant un film émouvant... ou, hier, quand le Pape François s'arreta pour embrasser un invalide...
Le long de notre ruelle, je sors, mercredi matin.
Rue Thuy Khue.
Des oeufs.
Pour Marie (Message bien reçu, merci).
Pour Clara.
Le "9" du Deuxième Mois soli-lunaire.
En quittant le marché des animaux.
Au début de la rue des plantes.
En attendant mon bus pour monter en ville.
Mon bus arrive, au début de la rue des plantes,
mercredi matin, 09h30, 28°, temps sec, un peu de soleil.
Rive est.
L'ile de la pagode Ngoc Son. Bis tant c'est joli.
Berge ouest.
Sud-ouest du petit lac.
L'horloge offerte par Genève et Berne à Hanoi pour ses 1000 ans (2009);
Bon, je ne l'aime pas (laide et minable), c'est mon affaire.
Celle de Genève est quand même plus jolie (Dulcinée et son gamin, 1999).
Devant la pagode de la rue Ba Trieu.
Air France, tabac, case postale, steak,... Je rentre.
Rue Hai Ba Trung en remontant vers les Hanoi Towers
Un ami.
La Tour de la Citadelle.
Le Mausolée de l'Oncle Ho.
Le Miunistère des Affaires Etrangères.
Rue Thuy Khue.
Notre ruelle.
L.T.
Sur la terrasse.
Je lui ai brûlé une tige d'encens.