Lundi 18 décembre, Abandonnerons-nous…

Lundi 18 décembre,

Abandonnerons-nous...

... Au sommet de ce plan, sous la courbe de l'autoroute on peut identifier le "Chaplin's World", un endroit qu'il vaut la peine de visiter aux environs de Vevey ... si l'on appartient encore à une génération qui a vu et aime les films de Chaplin. 

Un peu bizarre ce "abandonnerons-nous" en titre , trop long à l'oreille ? Voyez-vous, O Mes Gens, en plus des racines j'aime le son des mots.

D'une personne nous pensons : Ah elle vient de Provence, d'Espagne, d'Appenzell, de Wallonie, du Québec ,.... je pourrais continuer, hein, en anglophonie comme en germanophonie ou en italophonie on a son stock d'accents (prononciation).
C'est plus qu'un accent.
Au Vietnam on a les culs pincés du Sud, les précieuses de l'Annam et les rudes "castillans" du Tonkin. 

       Il y a dix jours,+ ou -, nous mangions en famille dans un des plus sympathiques restaurants de la ville de Vevey * . Moi j'ai pris les tripes à la milanaise, j'en rêvais depuis...

À la fin du repas alors que nous causions gentiment en sautillant d'un sujet à l'autre (ce qui me plait, tant on est sûr de ne pas se prendre au sérieux), alors... mon oreille s'est tendue toute seule vers une table en retrait où causaient trois dames. Erection pavillonnaire spontanée.

Enfin, une lady parlait et les deux autres écoutaient.

La causeuse a vite repéré mon oreille, ce phallus peri-cranien. Combien de fois n'ai-je pas expliqué à cette oreille, la droite, la seule encore bonne, qu'elle devait apprendre la discrétion. Elle ne m'écoute jamais celle-là ! Rahhhh.

* Vevey : j'ai découvert cette coquette ville en avril 1966 en entamant ma formation en radiologie à l'hôpital (un des deux) . En ces années je manquais d'argent mais il m'arrivait de m'offrir une escalope panée au Rex (à côté du cinéma du même nom) ou alors - en vaches riches - une entrecôte à "La Clef" , J.-J. Rousseau y mangea autrefois. Tout ça pour dire que  je connais le coin.

La causeuse (dans sa prime soixantaine) ne parlait pas "ménage", ni vie conjugale, pas de Noël et des cadeaux à acheter pour de merdeux petits-enfants... non elle décrivait avec précision les mouvements de l'armée israélienne à Gaza.

- Ça alors !

Bon prince j'ai grondé et fermé mon écoutille pour rejoindre la discussion de notre tablée, c'était d'ailleurs un choix plus courtois.

Ce n'est qu'à notre retour ici à Bulle que les bribes de cette conversation ou plutôt (celles) du monologue de cette dame me sont revenues.

A-t-elle choisi son camp ? Essaie-t-elle d'y ramener, d'y entrainer * * ses compagnonnes ?

Ces soixantenaires, peu de chance qu'elles sympathisent avec les Palestiniens du Hamas. De cette population martyrisée, possible. Quand même, qu'on coupe par deux ou trois le nombre des enfants morts, il en reste un "paquet". Qui sait ces dames sont peut-être de gentilles grands-mères ?

* * Entrainer : la "radicalisation" est un mot devenu à la mode. Il existe aussi de l'autre coté pas qu'en Islam.

Ou alors... !

         Notre conscient collectif oblige - en Europe (occidentale) - les vieilles générations à un soutien de l'Etat juif. Oh, vite, vite, on nuancera... pas ce gros con de Nanhyahouhou et ses enflammés aux tempes frisotantes, pas la "gauche" oh que non, non "l'Etat juif", le prix de "nos" lâchetés collectives d'il y a presque un siècle.    

... Ma dame franchissait-elle une sainte barrière et cassait-elle de l'"arabe" en justifiant le massacre de l'armée israélienne ? Je ne sais pas et il me parait honteux de le croire rien qu'au témoignage imprécis de mon oreille droite.

L'Ukraine est a environ 2000 km et Gaza a plus de 4000 km. Pourtant cette dame se soucie plus de ce "lointain" conflit que de la misère des soldats engourdis dans les tranchées de l'est. C'était pareil en 1942.

Abandonn(er)ons-nous l'Ukraine ?

La guerre à Gaza ne nous coûte pas d'argent, pour nous ici c'est une affaire de morale, de conscience ou, comme on aime le dire, de justice.

L'Ukraine commence à nous fatiguer. Il nous reste ~ 66'000 réfugiés. Sans compter l'aide humanitaire *  sur place. Des voix s'élèvent (comme à Lourdes ou à Fatima) pour des négociations, personne ne va beaucoup plus loin sur ce qui pourrait être négociable, non c'est juste qu'on a envie que "ça cesse". Et si en plus même les plus conservateurs des Américains - peu suspects de sympathies envers la Russie - , si cette bande de vieux politiciens ne veut plus dépenser pour l'Ukraine, alors... pourquoi nous ? Hein ? 

* Jusqu'ici la Suisse a refusé tout soutien en matériel militaire.

Bon pour notre Noël c'est foutu, Ukrainiens, Hamas, Russes et Israéliens nous l'ont gâché.
Comment garder espoir et compassion pour les uns et les autres ?

Nous pourrions accueillir des Palestiniens chez nous, hein ?

Je plaisante, je plaisante, Mesdames et Messieurs.

Bonne journée ,

L.T.