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Au gré de la plume
20 novembre 2023

Lundi 20 novembre, Un Thriller helvetique

Lundi 20 novembre,

        revenons à nos moutons helvétiques...

                      autrement dit du barbant (boring, pas Boeing *) 

https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Edward_Boeing

 

Un Thriller helvétique

 

Ah, mon cher pays, une belle démocratie (dit sans ironie parce que c'est vrai *). Comme ça à première vue ce billet ne présente (une fois de plus) aucun intérêt de lecture pour une persone étrangère, vivant en dehors de nos frontières.

* "parce que c'est vrai". Intéressant, non ? Non, ah bon. Une chose vraie ne pourrait pas être sujette à de l'ironie ? Faudra creuser, pas aujourd'hui, aujourd'hui je récupère de cette odyssée ferroviaire. 

Il faut cependant y regarder plus près. Les démocraties sont en danger. Le pire : elles n'apparaissent plus comme le modèle évident. Les putschistes africains et les souverainistes de l'Europe ne s'y réfèrent plus. Quand l'Empereur de Chine traite ses prisonniers comme des esclaves... pourtant il dort bien la nuit c't'homme.

Voyons : en Suisse nous avons au gouvernement fédéral (central) 7 ministres que nous appelons "Conseillers fédéraux ". Chaque année, selon un tournus basé sur (l'année de) leur entrée au gouvernement, l'un d'entre eux/elles prend gère la présidence du pays... tout en gardant son ministère (dit: département). 

Étrangement c'est l'Assemblée fédérale qui choisit les ministres (conseillers fédéraux, don). C'est à dire la Chambre du peuple (dit "National") et le Sénat (Chambe des Cantons) réunis pour l'occasion.

Essayez d'imaginer ce processus en France ou au Royaume-Uni: pas de Premier Ministre, pas de ministres choisis par un chef mais par les élus du Peuple. 

Si un Conseiller fédéral (ministre) démissionne en cours de route on le remplace dans l'année lors de (l'ouverture de) la prochaine session des Chambres. 

Autrement, tous les quatre ans, l'Assemblée procède à une une réélection de l'ensemble du gouvernement et si nécessaire remplace un/une démissionnaire. 

Le processus de réélection se fait en bon ordre, un après l'autre des ministres selon son entrée en fonction. Ceci a son importance et en aura une grande en décembre de cette année.  

Les deux plus gros partis du pays ont droit à deux ministres chacun. Les autres partis sont supposés se partager les 3 ministères restants. Y'en a donc 7 au total, re-don.

Bis, un aspect rigolo: l'Assemblée vote pour chacun, l'un après l'autre (suivant l'ancienneté don), chaque parti peut ainsi manifester son enthousiasme ou sa détestation pour l'un ou l'autre des ministres (issu d'un parti adverse) lors de cette réélection. En somme c'est un baromètre à l'envers de popularité... au sein du Parlement... ou un règlement de compte (gangland killing).

L'occasion pour les mandataires de montrer bonne ou mauvaise humeur. A quelques exceptions l'affaire se passe pas trop mal. La non réélection d'un ministre est prise telle une insulte envers le parti auquel il appartient et peut entraîner des représailles immédiates.

Pas excitant mon billet ?  Sauf qu'il y a 4 semaines nous avons, nous le peuple, voté  pour le renouvèlement des deux Chambres.

La Vilaine Droite (environ 30% des voix) s'est renforcée, elle est suivie de loin (18%) par le Parti socialiste. Les Libéraux et l'ancien parti chrétien sont presque à égalité avec 14% . Les Écolos/Verts (sans ministre au gouvernement) tombent en dessous de 10%.

On aiguise les couteaux pour décembre et pour la réélection des Conseillers fédéraux (ministres). En effet les Verts entendent contester le siège du deuxième ministre actuellement en mains libérales.

C'est ici que l'ordre de réélection des ministres en place prend de l'importance. Le résultat des uns/unes et des autres annonçant l'entrée en guerre. L'Assemblée devra cette fois, de plus, procéder au remplacement d'un ministre sortant socialiste.

J'vous l'dis c'est plus chaud qu'en Belgique ou au Canada.   

 

Les sept membres du Conseil fédéral ici on trouve la version officielle.

Pourquoi m'exciter sur un sujet tellement "local" ? Parce qu'en Suisse nous fonctionnons depuis trois-quarts de siècle par consensus ou par compromis. Et il est possible que cet esprit d'entente plus ou moins cordiale soit brisé. On ressemblera de plus en plus aux Hongrois et aux Slovaques.

Ce qui suit maintenant tient de ma paranoia. Il y a plus ou moins 100 ans les Partis bourgeois d'alors toléraient enfin l'entrée d'une opposition "de gauche" au gouvernement. En réalité elle a vécu... et vit encore cette situation comme un malheur.

Pour comprendre il faudrait en revenir à 1918 et à la grève générale qui ébranla la dictature bourgeoise. Oui, oui, jusque-là c'était bien une dictature, pas à la Pinochet certes, ni à la grecque de l'Antiquité ou à celle des colonels (1967 - 1974). L’histoire de la Suisse – la grève générale de 1918

Landesstreik_Grenchen

Les conservateurs, les Libéraux de l'économie (ceux du "mérite"), les Nationalistes (Patriotes et Souverainistes (auto-proclamés "uniques défenseurs des valeurs helvétiques") n'ont en réalité jamais digéré l'arrivée d'une  gauche au Gouvernement et même d'une opposition au Parlement. Dans leur esprit le mal est profond :

Nous savons gérer le pays, laissez-nous faire. Vous ne savez pas.

Cette conviction est ancrée et toujours vivante,

Et voila que depuis cinq décennies une bande d'écolos tristes et moralistes s'invite aux Chambres. Encore, avec un Parti socialiste - toujours minoritaire - on pouvait s'arranger mais ces annonceurs de catastrophes, non !

Première étape pour la Droite: bouter ces empêcheurs hors du Parlement. Après on arrivera bien à raisonner les Socialistes... pense ce "on".

Et en décembre les Droites feront leur numéro et banderont leurs muscles. Je l'écrivais... c'est ma paranoia.

Si les récentes élections au Parlement confirment sans discussion le succès de la Vilaine Droite (UDC pire que le RN francais et les Fratelli italiens) elle met aussi en évidence les limites de croissance de son allié libéral .

Nos Libéraux, de braves gens, défendent avec vaillance le mode de l'économie "libre". Cependant leur électorat - sympathisants de la Classe moyenne-haute - ne se compte pas par millions, forcément . Tout le monde ne peut pas être patron ou chef. 

On pourrait considérer que le problème des Verts est comparable. C'est vrai ces gens nous fatiguent avec leur désespoir. Bien que le fond de leur discours révèle l'UNIQUE RÉELLE PRIORITÉ de notre temps.

L'inflation, les coûts de la santé, les sources d'énergie et même le phénomène inquiétant des migrations mondiales est à la fois maitrisable et naturel. Les guerres il y en a toujours eu. Des migrations aussi.

Le réchauffement climatique nous ne le maîtrisons pas. Alors quelles que soient ses causes, l'attitude des sceptiques,... nos paysans sont confrontés depuis plusieurs années a des défis ... urgents.

Un argument ne tient plus: que peut un si petit pays pour sauver le climat ! Pour notre agriculture c'est aujourd'hui, ici.

L'existence de notre paysannerie (5%de la population totale) ne se justifie que par trois "raisons": 

- La capacité de nourrir la population en cas de crise extérieure (guerres, deficit alimentaire mondial,...).

- La préservation du savoir-faire ancestral (Produits régionaux).

- L'entretien des terres agricoles et des forêts voisines.

Nos paysans sont attachés à leurs traditions et leurs capacités d'adaptation restent lentes. Aujourd'hui et à l'encontre des  directives de l'OMC/WTO nos fermiers touchent des subventions importantes (50'000/an par exploitation, en moyenne). 

Comment les convaincre ou même les forcer à s'adapter au changement climatique (cycle ou autres raisons) si l'ensemble de la nation ne les accompagne pas dans leurs efforts ?

Les accompagner oui mais comment ?

Accélération de la production d'énergie alternative non dépendante des importations d'ailleurs. Réductions des émissions néfastes dans l'atmosphère.  

... Du blabla tout ça, mais je me sens mieux.

A suivre

Bonne semaine,

L.T.

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