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Au gré de la plume
29 juillet 2018

Samedi

.... Un peu de tout aujourd'hui ! Hier j'écrivais qu'il (me) fallait du temps pour digérer ces nombreuses lectures, souvent trop "pointues". Je sens qu'il se passe des choses en moi, comme après une bonne soirée, un excellent repas bien arrosé. Parce qu'il existe un objectif dans ces efforts, ces branlettes comme dit Juju en se moquant. Il me faut éclaircir mon écriture. Il me faut mieux entendre, écouter ne suffit pas. Pour ce qui est du "parler", mes espoirs de progresser sont faibles, je resterai toujours un bavard, superficiel. 

On commence avec deux revues publiées par des "ONG" (de droit privé, don), qui n'ont en principe pas de comptes à rendre aux autorités en ce qui concerne leurs objectifs.

En P.S.1. je prolonge une réflexion sur le langage des images et des signaux visuels. Rien de sérieux, une envie. Une intuition ?

En P.S.2. je me suis laissé aller à quelques recherches sur une manufacture de céramique puisque nous venions de recevoir un plateau en cadeau. Il m'est apparu plaisant de découvrir certains liens entre la France et l'Allemagne, des liens plus anciens que les guerres meurtrières de 14-18 et 39-45. 

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Pro Senectute.... une ONG au service des "Vieux". On peut y obtenir de l'aide et des conseils... Et ça n'est pas pour une classe sociale spécifique. Beaucoup n'osent pas demander qu'on les aide, souvent par pudeur.

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Pro Natura

En 1909, des représentants de la Commission de protection de la nature fondèrent la Ligue suisse pour la protection de la nature (LSPN) – aujourd’hui Pro Natura – spécialement pour permettre la création du Parc National Suisse. Ces pionniers de la protection de la nature souhaitaient préserver de l’espace au bénéfice d’une nature toujours plus menacée par l’industrialisation et le tourisme. Comme la Ligue suisse pour la protection de la nature prélevait un franc sur chaque cotisation de membre en faveur du parc national, on l’appela communément Fränkli-Verein, l’« association à un franc ». Aujourd’hui, Pro Natura reverse toujours chaque année un franc par membre pour le fonctionnement du parc national d’Engadine, ce qui représente une coquette somme avec ses 100 000 membres actuels. À ce jour, un réseau de plus de 600 réserves naturelles s’est constitué au fil des années dans toute la Suisse. En outre, Pro Natura s’occupe de plus d’une douzaine de centres de protection de la nature, notamment le Centre Pro Natura de Champpittet (canton de Vaud) et celui d’Aletsch (canton du Valais).

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Vendredi soir.

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Samedi matin, 07h00.

 L.T.

 

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P.S.1.: Allons-y ! Après quelques jours passés (à réfléchir) sur le langage, je me lance bravement, non sans peur et non sans risque sur le langage des signes. Dont celui qu'utilisent les sourds et les muets et qui existe depuis toujours, j'y faisais allusion dans mon "Momoh..." et on le retrouve dans "Trieste".

Au cours de sa formation professionnelle ma fille a appris ce langage dans sa version moderne. Cela m'avait réjoui. Ma fille est peu parleuse, elle m'avait quand même expliqué les liens entre la surdité et l'autisme.

Les premières grandes civilisations se sont servi de signes pour inventer l'écriture en agglutinant des morphèmes (voir plus bas sous "morphologie"). 

Les Amérindiens faisaient de la fumée.

Quand je lisais des publications sur le "langage intérieur" et sur le "langage aboli" je me suis de suite demandé si nous n'avions pas aussi un langage des images. Notre cerveau utilisant une multitude d'images enregistrées au cours de notre vie ou héritées d'un patrimoine génétique,... une iconotheque dont nous ne connaîtrions pas les codes d'accès mais qui serait intégrée à notre système de communication, complice de nos autres medias. On ne s'en servirait pas volontairement mais, face à des images (situations) extérieures (un visage inconnu, par exemple) nos neurones-miroirs piqueraient dans cet immense stock une "photo" référante, comparable (ou presque) pour nous influencer. Tout cela est étudié par les spécialistes du marketing, et autrefois par M.Rorschach.

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morphologie \mɔʁ.fɔ.lɔ.ʒi\ féminin

  1. Forme, (morphe).
  2. (Biologie) Étude de la structure externe des êtres vivants qui compare leurs variétéshomologies et évolutions.
  3. (Par métonymie)(Biologie) Formestructure, d'un être.
    • Morphologie d’un arbuste, d’un cheval.
  4. (Par extension) Constitutionaspect général.
    • Morphologie longiligne, trapue. La morphologie d’un athlète.
  5. (Grammaire) Étude de la forme des mots, comme leurs variations liées à la flexion.(Géologie) Domaine, (géomorphologie), qui étudie caractéristiquesconfiguration et évolution des sols.
    • En effet, grâce à des rimes isosexuelles dont la morphologie nominale ou adjectivale est exclusivement féminine, elle s'affranchit de la règle séculaire d'alternance du sexe des rimes et consacre ainsi le sonnet à la féminité. — (Marie-Ange Bartholomot Bessou,L'imaginaire du féminin dans l’œuvre de Renée Vivien : de mémoires en mémoire, cahier romantique n° 10, Presses Univ. Blaise Pascal, 2004, p. 371)
    • La morphologie et la syntaxe des mots.
  6. (Cristallographie)(Minéralogie)Ensemble des faces développées d'un cristal, (habitus, dont les dimensions dépendent des conditions de leur croissance avec un angle dièdre constant entre elles.
  7. (Mathématiques) Champs de probabilités sur un domaine spatial.
  8. (Linguistique) Étude des combinaisons des morphèmes formant des lemmes.
  9. (Linguistique) Prononciation d'un mot.
  10. (Architecture) Étude des caractères formels commun à différents éléments de constructions.

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  • du flashback : où l'on se voit revivre une expérience passée ;
  • de la cryptomnésie : où un souvenir enfoui réapparait comme un élément nouveau, et non pas rappellé ;
  • du pressentiment actualisé : où le présent a été pressenti ;
  • de l'éclair de mémoire : où un souvenir surgit tout à coup , dans un présent « normal » ;
  • de la dépersonnalisation : où l'on a le sentiment de n'être plus soi-même dans un présent étrange.

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  Une boucle temporelle est une forme particulière de voyage dans le temps dans laquelle le futur est rattaché au passé, une certaine période du temps se répète alors continuellement. Elle est parfois utilisée pour désigner une boucle de causalité.

La boucle temporelle est souvent utilisée comme ressort scénaristique dans des œuvres de fiction, et particulièrement de science-fiction, seule une ou quelques personnes sont alors conscientes du phénomène. Les histoires utilisant ce procédé se concentrent généralement sur un personnage qui, apprenant de chaque boucle successive, tente d'améliorer le déroulement des événements[1]. Les boucles temporelles peuvent être comparées aux jeux vidéo et à d'autres médias interactifs, où un personnage dans une boucle en apprend davantage sur son environnement au fur et à mesure des boucles qui se produisent, et la boucle se termine avec une maîtrise complète de l'environnement du personnage[2]. La façon habituelle pour le protagoniste de sortir d'une boucle temporelle est donc d'acquérir des connaissances, utilisant la conservation de sa mémoire pour progresser et finalement quitter la boucle. La boucle temporelle est alors un processus de résolution de problème, et le récit devient semblable à un puzzle interactif[3].  Wikipedia.

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P.S.2.: Ce cadeau reçu m'a donné l'envie dans savoir plus sur l'histoire de cette manufacture de céramique, pas vraiment allemande, pas vraiment française. Un  morceau d'histoire franco-allemande. Avec en bonus... une modernité dans l'approche des conditions de travail et de vie des ouvriers.

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 Fils du manufacturier Pierre-Joseph Boch (de) et d'Antoinette Nothomb, il débute à la manufacture impériale et royale de faïence fine à Septfontaines, fondée par son père.

Il acquiert l'ancienne abbaye de Mettlach en 1809 et établie à Mettlach une fabrique moderne et hautement mécanisée de  céramique et vaisselle.

Le traitement réservé par Boch à son personnel reflétait l'approche paternaliste des employeurs les plus éclairés de l'époque 

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et, en 1819, il put créer un fonds de soutien aux orphelins pour les familles des travailleurs. Une banque d'épargne et de crédit a suivi. Il a créé un « casino des travailleurs » et une « association de lecture » afin de promouvoir l'amélioration spirituelle et morale de ses employés.

Les affaires ont prospéré. Lors de l'exposition prussienne tenue en 1822 à Berlin, Boch est le seul fabricant du secteur de la poterie et de la céramique à recevoir une médaille d'or. C'est également lors de cette exposition que Boch a rencontré le conseiller privé et pionnier industriel Christian Peter Wilhelm Beuth. Peu de temps après, ils ont tous deux entrepris une visite de recherche en Angleterre afin d'y étudier les méthodes de production. Boch a repéré un nouveau mécanisme d'utilisation de l'hydroélectricité pour faire tourner les roues/tours et a introduit des mécanismes similaires dans ses propres usines, ce qui était une autre première en Europe continentale.

Pour survivre à l'assaut des importations anglaises, en 1836, Jean-François Boch et son concurrent Nicolas Villeroyfusionnent leurs activités, formant Villeroy & Boch. L'expansion à travers la frontière en France de "Utzschneider und Fabry" de Sarreguemines et en Belgique où ils ont établi "Keramis" s'est poursuivie. Une installation a également été créée à Dresde, en Saxe.

Après avoir transmis avec succès la direction de l'entreprise de Mettlach à ses fils, Jean-François Boch revient en 1844 à Siebenbrunnen/Sept-Fontaines et y reprend l'entreprise d'origine familiale. Il continue à diriger l'entreprise jusqu'à sa mort en 1858. C'est ici qu'il développe et met en production une toute nouvelle gamme de produits, les «Mettlacher Platten» (carreaux de sol en céramique).

En 1849, Jean-François Boch fait une brève excursion dans le monde politique en tant que membre du Parlement de Francfort entre le 3 janvier et le 30 mai. Il était l'un des trois représentants du Luxembourg, prenant la place précédemment occupée par Jean-Jacques Willmar, qui devait retourner à Luxembourg après avoir été nommé Premier ministre du Grand-Duché le 6 décembre 1848. À Francfort, Boch ne rejoint aucune faction particulière, mais il a tendance à voter avec les membres du centre-droit, en soutenant l'élection du roi prussien comme empereur des Allemands (le roi déclina la nomination). Quand le parlement discute de la question d'un éventuel État allemand sous la direction prussienne, les trois membres luxembourgeois présentèrent un front uni, insistant sur certaines conditions qui seraient nécessaires pour que le Luxembourg adhère à une telle union.

Il est le père d'Eugène von Boch (de) et le beau-père du baron Jean-Baptiste Nothomb.

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18. Villeroy & Boch
TRISTAN GASTON-BRETON - LES ECHOS | LE 23/08/2001

Wendelin von Boch est un homme heureux. En juin 2001, à l'occasion de la présentation de l'exercice 2000, cet élégant quinquagénaire annonçait aux actionnaires de Villeroy & Boch, la firme dont il est le président depuis 1988, des résultats en forte hausse. Points forts de l'année écoulée : une série d'acquisitions en Europe, dont celle du fabricant suédois de mobilier de salles de bain Gustavberg, une forte augmentation du chiffre d'affaires à l'international, et le bon accueil réservé au concept « Maison de Villeroy & Boch " associant, dans une même boutique, les arts et les styles de vie proposés par l'entreprise. Des nouvelles agréables pour les actionnaires de la maison deux fois centenaire, à commencer par les représentants de la famille Boch, qui en assure la direction depuis huit générations et qui contrôle encore la moitié de son capital.

Entre France, Allemagne et Luxembourg, l'histoire de la firme est le résultat d'une rencontre entre deux familles de faïenciers : les Boch et les Villeroy. L'une et l'autre apparaissent au XVIIIe siècle à quelques décennies d'intervalle et de part et d'autre de la frontière qui sépare aujourd'hui la France de l'Allemagne.

La palme de l'ancienneté revient aux Boch. Originaires de Lorraine, où ils sont installés depuis plusieurs générations, ils commencent leur ascension en 1748 lorsqu'un ancien fondeur de métier ayant accédé à la notabilité, François Boch, crée avec ses trois fils, Pierre-Joseph, Dominique et Jean-François, une faïencerie dans le petit village d'Audun-le-Tiche. Modeste, employant une poignée d'ouvriers, l'établissement _ en fait une grosse poterie _ produit alors de la vaisselle en céramique _ assiettes, pots, gobelets, carafes, tasses... _ décorée ou non et vendue bon marché dans les bourgs et les villes des environs. Dès le départ en effet, François Boch et ses fils décident de se spécialiser dans la fabrication de pièces simples, peu coûteuses et accessibles au plus grand nombre. « Le petit village d'Audun-le-Tiche devint ainsi le berceau de la démocratisation des arts de la table », peut-on lire, aujourd'hui encore, dans la documentation interne du groupe : affirmation qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui n'en souligne pas moins l'une des dimensions fondamentales de la firme : très tôt dans son histoire, Villeroy & Boch aura fait le pari de la production à grande échelle _ et plus tard de l'industrialisation _, cherchant à conquérir une clientèle aussi large que possible et non pas seulement l'élite aristocratique du temps. Cette vocation devait prendre tout son sens bien des décennies plus tard avec le lancement d'une gamme d'articles pour salles de bains et sanitaires.

C'est en tout cas cette vocation qui explique la fondation, dès 1767, par les trois fils de François Boch et grâce aux bénéfices dégagés pendant près de vingt ans, d'une nouvelle faïencerie à Septfontaines, près de Luxembourg. Les raisons de ce déménagement sont obscures : probablement faut-il invoquer le mariage de Pierre-Joseph Boch avec la fille d'une éminente famille luxembourgeoise, Antoinette Nothomb, qui apporta sans doute en dot argent et relations. Beaucoup plus important que la modeste poterie d'Audun-le-Tiche, l'établissement luxembourgeois est caractéristique de ces grandes fabriques de l'âge proto-industriel d'où sortira, au siècle suivant, le système usinier : une dizaine d'années à peine après sa fondation, l'« usine » des frères Boch emploie déjà 300 ouvriers et est équipée pour la production en série de pièces de céramique de table, notamment les fameux motifs « brindille » toujours commercialisés aujourd'hui. Mieux : depuis la fin des années 1760, la fabrique peut se prévaloir de la qualité de « manufacture impériale et royale » et arborer au fronton de ses bâtiments les armes de la maison d'Autriche à laquelle est rattaché alors Luxembourg. Un privilège accordé par l'impératrice Marie-Thérèse qui, l'année même de la fondation de l'usine de Sepfontaines, s'est fait présenter Pierre-Joseph Boch. Cette reconnaissance impériale fait beaucoup pour le développement de la maison. Fournisseur de la cour mais aussi de la bourgeoisie des villes, celle-ci s'impose progressivement comme l'un des principaux fabricants de céramique de table d'Europe.

A l'aube des années 1790, alors que la France s'apprête à basculer dans la Révolution, la société Boch Frères connaît une prospérité incontestable. Notables respectés, Pierre-Joseph, Dominique et Jean-François dirigent ensemble l'entreprise, Pierre-Joseph s'imposant comme l'artiste de la famille face à ses deux frères, plus occupés à développer les ventes. Les trois hommes vivent alors ensemble, eux et leur famille, dans le joli petit château de style classique qu'ils ont fait édifier à proximité de la fabrique. On peut sans peine imaginer la vie qui est alors celle de ces bourgeois entreprenants et en quête de reconnaissance : le goût de l'effort et du travail bien fait, une certaine austérité qui laisse peu de place aux loisirs mais que rompent de temps à autre quelques réceptions entre notables, le réinvestissement systématique des profits, telles sont sans doute les valeurs qui guident la dynastie naissante et qui expliquent en partie l'exceptionnelle longévité de la firme familiale.

C'est à cette époque, en 1791 très précisément, alors que les trois frères s'emploient à consolider patiemment leurs positions à Luxembourg, qu'un homme de trente et un ans, Nicolas Villeroy, fonde à Vaudevange sur les bords de la Sarre _ aujourd'hui Wallerfangen _ une grosse fabrique de céramique, équipée elle aussi pour la production en série. Ainsi naissait le deuxième « pilier » de l'actuel groupe Villeroy & Boch. Pendant plus de quarante ans, les deux firmes vont poursuivre leur chemin indépendamment l'une de l'autre. Tandis que la maison Villeroy se développe dans la Sarre, les Etablissements Boch Frères poursuivent leur ascension, un temps perturbée par la Révolution française : détruits en 1793, la faïencerie de Septfontaines et le château familial seront ainsi entièrement reconstruits par Jean-François Boch. En 1809, en quête de nouveaux marchés, celui-ci décide de s'implanter en Sarre où une seconde usine est créée à Mettlach, dans une ancienne abbaye qui, aujourd'hui encore, abrite le siège social de l'entreprise. Entre les Etablissements Boch et la jeune fabrique fondée par Nicolas Villeroy, la concurrence frontale est dès lors inévitable : elle va durer un quart de siècle, jusqu'à ce jour de 1836 où Jean-François Boch et Nicolas Villeroy décident d'unir leurs intérêts.

Présentes sur les mêmes marchés où elles s'affrontent durement, les deux maisons ont, il est vrai, de nombreux points communs : une même philosophie du produit, mais aussi une tradition sociale identique. En 1812, Pierre-Joseph Boch a en effet fondé la Confrérie Saint-Antoine, une oeuvre sociale pour les ouvriers de ses usines comprenant un système de retraite et de sécurité sociale avant l'heure. En 1817, Nicolas Villeroy a fait de même dans son établissement de Vaudevange. Le rapprochement de 1836 n'en est que plus facile et il donne naissance à l'actuelle société Villeroy & Boch. Sous ce nouveau nom, l'entreprise fera la réputation de la faïencerie sarroise, qui sera bientôt exportée dans toute l'Europe. Pour l'heure et conformément aux pratiques du temps, un mariage vient renforcer l'alliance entre les deux fabriques : celui d'Eugen Boch, le fils de Jean-François Boch, avec la ravissante Octavie Villeroy, la petite fille de Nicolas Villeroy. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les deux familles resteront associées à égalité au sein de la firme.

En 1866 en effet, le hasard des décès et des successions aidant, la famille Boch s'assure le leadership de Villeroy & Boch. Les descendants de François Boch conserveront jusqu'à nos jours le contrôle de l'entreprise. Au cours du XIXe siècle, plusieurs personnalités émergent au sein de la famille. Celle d'Eugen Boch, d'abord. Né en 1809, directeur de l'usine de Mettlach à vingt ans, resté seul gérant de la firme en 1866, ce personnage central de la saga familiale exporte ses produits dans toute l'Europe et diversifie la gamme Villeroy & Boch, notamment dans la porcelaine de Chine, les carreaux de mosaïque et la cristallerie... A sa mort en 1898, il laisse la firme agrandie de trois nouvelles usines, à La Louvière en Belgique, à Wadgassen, pour la production de vaisselle en cristal, et à Merzig, au bord de la Sarre. Plus originales sont les figures d'Anna Boch et de son frère Eugène, l'un et l'autre neveux d'Eugen. Très proche du peintre belge Isidore Verheyden, artiste elle-même, Anna Boch se fait connaître dans le milieu des impressionnistes qu'elle fréquente assidûment. Quant à Eugène Boch, il s'est lié d'amitié avec Vincent Van Gogh. Il est d'ailleurs représenté sur la toile « Le Poète " actuellement conservée au Louvre.

Avec cinq usines et 1.500 ouvriers, la maison Villeroy & Boch fait figure, à l'aube du XXe siècle, de référence incontournable dans les arts de la table, sa spécialité d'origine. Quant à la famille fondatrice, sa position n'a cessé de se renforcer : en 1892, l'empereur d'Allemagne a en effet anobli Eugen Boch, signe de la notoriété et du prestige de l'industriel. Lui et ses descendants pourront désormais s'appeler von Boch. La consécration pour cette dynastie bourgeoise qui fait ainsi son entrée dans le monde de l'aristocratie. Signe de ce nouveau statut ? En 1914, René von Boch, l'un des fils d'Eugen, se fait construire à Mettlach, non loin de la faïencerie édifiée par son grand-père, un château de style néo-renaissance, qui abrite aujourd'hui une résidence pour hôtes. La famille y mène un mode de vie laborieux et austère, menant de front activités industrielles et oeuvres sociales. Contrairement à de nombreuses dynasties industrielles, la famille Boch est et restera toujours caractérisée par une remarquable discrétion...

C'est également René von Boch qui fait franchir à la firme une nouvelle étape décisive : celle des sanitaires. Au tournant des XIXe et XXe siècles, les nouveaux besoins en matière d'hygiène qui apparaissent dans toutes les couches de la société ouvrent en effet à l'entreprise de fabuleux débouchés. Associé à la gestion depuis 1866 _ il a alors vingt-trois ans _, René von Boch s'intéresse à ce marché dès les années 1890-1900 : pot à eau, plat à barbe, nécessaires à toilettes, et très vite lavabos, baignoires et WC viennent enrichir le catalogue Villeroy & Boch. Comme cela avait été le cas pour la vaisselle, la combinaison produits de qualité-prix accessibles assure une large diffusion à la nouvelle gamme, qui profite également pleinement du développement très rapide, partout en Europe, de la population urbaine. Au début du XXe siècle, l'entreprise fondée cent cinquante ans plus tôt est définitivement présente dans les trois métiers qui, jusqu'à nos jours, assureront son développement : les arts de la table, les carreaux et les sanitaires.

La vénérable maison ne sera bien sûr pas épargnée par les cataclysmes qui, à deux reprises, s'abattent sur l'Europe. Placée au lendemain de la Première Guerre mondiale _ au cours de laquelle disparaît le fils aîné de René von Boch _ dans l'impossibilité d'administrer ses usines de la Sarre, désormais détachée de l'Allemagne, la famille doit en 1920 déménager une partie de ses activités à Bonn, Dresde et Breslau, où de nouveaux établissements sont créés. Vingt-cinq ans plus tard, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la division de l'Allemagne en deux blocs antagonistes manque à nouveau de mettre bas la maison désormais bicentenaire. Expropriée de Dresde et de Breslau, les Boch reprennent le chemin de la Sarre, un moment sous influence française. Ce n'est guère avant le milieu des années 50 que Villeroy & Boch peut retrouver des conditions d'exploitations normales.

Les artisans du redressement puis du développement de la firme seront Luitwin von Boch et son fils Luitwin Gisbert. Un développement marqué par une forte croissance des ventes à l'international _ les marchés japonais et américains sont conquis dès le début des années 70 _ plusieurs acquisitions majeures, notamment celle de la fabrique de porcelaine traditionnelle Heinrich, achetée en 1976, et la mise en place d'une authentique politique de marque. Introduit en Bourse en 1987 mais toujours contrôlé par la famille fondatrice, Villeroy & Boch est présidé aujourd'hui par Wendelin von Boch. A l'heure de la mondialisation, ce représentant de la huitième génération, dont le grand public n'entend jamais parler, a une ambition : faire de Villeroy & Boch la référence incontournable en matière de design d'intérieur. Sans perdre de vue la vocation qui est celle de la maison depuis 1748 : proposer des produits accessibles au plus grand nombre.

TRISTAN GASTON-BRETON
* Historien d'entreprise.

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