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Au gré de la plume
25 août 2016

B'en quoi,... - 4

 

 

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L.T.

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P.S1.: dans la série "ça sert à rien mais...". Hier je plaisantais sur les points communs entre Dostoievski et moi-m'aime. D'abord, ce qui m'impressionne... sa capacité à concevoir un entier roman avant de prendre sa plume d'oie. Nos nouvelles habitudes de vie et trois ans de merlot m'ont permis d'acquérir progressivement cette "technique" (chacun et/ou chacune a sa méthode pour résister aux pertes de mémoire, pertes aussi ennuyeuses que les fuites urinaires).
Je le disais, quand j'attends le retour de Dulcinée-qui-magasine, je me raconte une histoire. Mieux, je la reprends le lendemain au point resté. Ça marche couci-couça. Il m'arrive, à l'écart, de le réciter mon texte à voix haute car j'aime m'entendre. 
En ce qui concerne le Grand Auteur Russe je doute cependant qu'il fut capable de pareil pré-pensement :)... quand on connaît l'espace accordé aux dialogues dans ses romans.

Enfin ce "quand on connaît" m'amuse tant je doute qu'"on en connaisse" beaucoup sur ce Grand Auteur Russe. Il est de bon ton de se convaincre qu'on maîtrise ses "classiques". 

Lesquels de ces romans ne sont pas de Dostoievski ?

Le Double

Le Bourg de Stépantchikovo et sa populatio

Humiliés et offensés

Souvenirs de la maison des morts

Les Carnets du sous-sol

André Kolossov 

Les Trois Portraits 

Un bretteur 

Le Juif 

Petouchkov 

J'arrête mon Quiz. Oui, ça me revient, toujours le même refrain: faut-il connaître ce dont on parle pour en... parler. Ce que je rabâche souvent ainsi: Faut-il être avocat pour s'intéresser au droit et tenter de faire le tri, à la Salomon, entre le bien et la mal ? Faut-il être philosophe pour s'inquiéter (ou pas) de ce qui pourrait suivre après la mort (on ne peut pas simplement faire confiance aux "pros" de la branlette cérébrale pour se rassurer par: t'en fais pas, y'a rien, ça les penseurs de notre temps peinent à l'imaginer. Le "ça" n'étant pas la mort mais leurs conclusions hâtives et temporaires.). 

Faut-il être docteur pour se soigner ? Peut-on s'arracher une dent tout seul ? Peut-on forniquer sans considérer la nécessité de son ou sa partenaire à "partager" un bon plaisir ? 

- Bravo Papy, tu as varié la formulation.

- Merci de saluer mon effort, ma Douce. En somme, peut-on causer de Dostoievski sans tout l'avoir lu ? Mieux, qui ose prétendre savoir où il nous entraîne ? Chaque fois (ça arrive assez souvent) que quelqu'un m'arrête gentiment et me lance : vous ressemblez à Einstein *, chaque fois je réponds en souriant: oui, mais moi je ne bats pas mon épouse. Les gens sursautent (quelques centimètres, aux Génies on pardonne beaucoup). 

- J'aime tes refrains, O Mon Tendre Papy. Faut-il s'intéresser à "un peu tout", faut-il trier et ne choisir que quelques sujets? Et est-ce suffisant de "s'intéresser"? L'intérêt ne nous entraîne-t-il pas vers un engagement (même limité). 

- En effet, O Ma Plus Belle, s'intéresser à quelques affaires en restant le cul sur sa chaise, voilà bien une activité de vieux. 

- C'est parce que Dostoievski est souvent "travaillé" par le Bon Dieu, qui ti l'aime b'en ? 

- Partiellement, O Mon Absente si Présente, j'aime sa manière de donner à ses antagonistes la même force d'argumenter, la même force d'arguments. C'est comme s'il accordait une liberté à ses personnages, ses "héros". Comme s'il partageait son affection entre le "bon" et le "mauvais". C'est aussi pour cela que je doute qu'il fut capable de pré-écrire dans sa tête un roman en son entier avant de prendre sa plume d'oie. 

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* Einstein. Comme Dulcinée vient de me tondre, je ne ressemble plus à personne. À Hanoi il arrivait qu'on me trouve un côté Mark Twain. Ça me plaisait.

P.S.2.: ce matin nous prenions le café chez des amis, pas loin d'ici. On parle de tout, comme ça en glissade, en cascade, sans souci. Enfin, bon, Dulcinée en remet une couche (to add a coat of paint) à propos de sa belle-fille. Ah, les belles-mères. 

Quelqu'un glissa un "saint-frusquin" dans la conversation. 

Tout ce qu'on a d'effets et d'argent, tout ce que l'on possède
Par extension : tout le reste

Si la locution est attestée en 1710, d'abord sans trait d'union, le mot 'frusquin' seul est signalé en 1628 où, en argot, il désigne les vêtements, sans que l'on sache avec certitude pourquoi, son étymologie étant discutée.

Mais deux choses sont sûres :
- Il en reste le mot 'frusques' toujours employé de nos jours avec le même sens, plutôt péjoratif, appliqué à des mauvais habits, des hardes ;
- Le mot n'est plus utilisé isolément et n'apparaît plus que dans notre expression.

Au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle, 'frusquin', toujours en argot, a également désigné l'argent. Du coup, sa signification a finalement englobé tout ce que l'on possède, vêtements et argent.

Tout cela est bel et bien me direz-vous, mais par quel miracle le 'frusquin' s'est-il trouvé canonisé ? D'où vient donc ce 'saint' ?
À votre très pertinente question, je répondrais par une autre : connaissez-vous saint Crépin ? Il y a peu de chances, sauf si vous pratiquez un métier bien particulier en voie d'extinction. En effet, ce saint est le patron des cordonniers. Or, il se trouve que, chez ces artisans, le saint-crépin désigne l'ensemble de leurs outils (tout comme, d'ailleurs, le saint-jean désigne la trousse à outils des typographes).

C'est donc par simple analogie que le saint-frusquin s'est mis à représenter l'ensemble de ce qu'on possède.
Et, par extension, lorsque notre locution est employée à la suite d'une énumération, précédée de 'et', elle veut dire "et tout le reste".

« Gervaise aurait bazardé la maison; elle était prise de la rage du clou, elle se serait tondu la tête, si on avait voulu lui prêter sur ses cheveux. C'était trop commode, on ne pouvait pas s'empêcher d'aller chercher là de la monnaie, lorsqu'on attendait après un pain de quatre livres. Tout le saint-frusquin y passait, le linge, les habits, jusqu'aux outils et aux meubles. »
Émile Zola - L'assommoir - 1877

« (...) et que les sept oncles qui avaient juré devant Dieu, les Saintes Huiles et tout le saint-frusquin de le protéger et veiller sur lui font de nouveau serment tous ensemble de venger la victime et châtier le lâche coupable (...) »
Claude Simon - Le Palace - 1962

Ailleurs: Si vous souhaitez savoir comment on dit « Tout le saint-frusquin » en anglais, en espagnol, en portugais, en italien ou en allemand
PaysLangueExpression équivalenteTraduction littérale
Allemagne de der ganze Kram toute la boutique
Allemagne de der ganze Scheiß toute la merde (vulg.)
États-Unis en Lock, stock, and barrel Platine, crosse et canon (l'ensemble du mousquet)
États-Unis en Everything but the kitchen sink Tout sauf l'évier de la cuisine
Espagne es ... y toda la pesca ... et toute la pêche
Espagne es Los bártulos Les affaires
Argentine es Y la mar en coche (2e sens de l'expression, "Tout le reste") Et la mer en voiture
Mexique es Toda la pachanga Toute la fête
Espagne es Toda la parafernalia Tous les biens parafernaux
Canada (Québec) fr Toutes tes guenilles  
Italie it armi e bagagli armes et bagages
Belgique (Flandre) / Pays-Bas nl de hele santenkraam / santenboetiek toute la boutique de saints
Roumanie ro Tot calabalâcul Toutes ses affaires
Roumanie ro Toate boarfele Toutes les frusques
Slovaquie sk vsetko cakumpak tout cakumpak (mot intraduisible)

Tout le saint-frusquin - dictionnaire des expressions françaises ...

Voila pour le saint-frusquin mais "frusques"?

Génev. saint frisquin, le frisquin. D'après Charles Nisard, frusquin signifie proprement vêtement, et est une altération de fûtaine, fustaine, fustain (Revue de l'Instr. publ. 22 nov. 1860). Mais cela n'est appuyé ni par des intermédiaires ni par la forme du mot (l'r n'étant pas dans fustaine). Quant au mot saint placé devant, il n'a rien que de très ordinaire ; les habitudes dévotieuses de nos pères leur avaient fait placer le mot saint devant divers substantifs ou adjectifs, sans autre intention que d'y fixer l'attention : saint-lâche, patron des paresseux, sainte-n'y-touche, etc.

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P.S.3.: Non. Faut avancer. Question simple. Que faut-il avoir vécu de peu ordinaire pour écrire un livre (faire un film,...)? Et si notre vie est banale, a-t-on le droit, éventuellement le besoin d'écrire ? On publie souvent des ouvrages relatant des expériences peu banales (extraordinaires, don). 

Et mes jours sont ennuyeux ? Si je n'ai rien accompli de "spécial"? L'itinéraire de Dostoievski ressemble, écrivais-je, à ceux de Sakharov, Soljenitsine, et Pasternak, enfin avec des nuances. On découvre que ce n'est pas Staline qui a inventé les camps mais Nicolas I. Rendons au Tsar... sans espérer que les calomniateurs du marxisme reconnaissent leur graine (c'est vrai, on a décidé que l'aventure communiste est un fiasco tout en accordant au capitalisme une étrange bienveillance en oubliant ses échecs set ses cruautés, ça m'énerve). 

image- La question est, O My Dear ?

- Question banane à laquelle pourrait répondre mon amie Anne *.Faut-il avoir vécu des choses fortes pour produire une œuvre forte ? Autrement posée: les "artistes" suisses sont-ils handicapés par un environnement trop paisible ? Certes nous avons eu des réalisateurs de films à la taille des plus grands (pensons à Bergman, Allen, Jarmusch, par 3 exemples étrangers in-hautsifs.  Le cinéma suisse est mort. Vivent ses réalisateurs! - SWI swissinfo.ch. Clic... on trouve nos grands suisses. Cinéma ici, mais qu'en est-il des autres muses ? 

Il y a eu récemment le Festival annuel de Locarno. Hymne au cinéma suisse. Pensez un réalisateur y a présenté l'histoire d'un Juif suisse tué pas loin d'ici en 1942 Le crime de Payerne - rts.ch - Temps présent, clic, ou «Un juif pour l'exemple», le film qui questionne aussi le présent - SWI swissinfo.ch

Je n'ai pas vu ce film, tiré du livre d'un des derniers écrivains suisses. Donc comme sujet de "création cinématographique" on a rien d'autre à se mettre sous les yeux ?  

Anne Theurillat - Wikivalais

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