Creusant Trieste
Le livre de droite ("Comme des chevaux qui dorment debout") est un cadeau de mon frère. Les deux autres je viens de les acheter à la FNAC de Fribourg (Suisse) à un prix quasi français. Bonne surprise tant les livres sont chers en notre bon pays.
...Je reste convaincu que personne n'a lu mon "Trieste", écrit en 2009 au deuxième étage de notre maisonnette de Buoi, Juju couchée pas loin de mes pieds.Bien sûrement de nombreuses personnes ont lu les pages de ce récit.Mais pas ce que je racontais.
Après tout si on a le droit de critiquer un livre, l'auteur a aussi le droit de critiquer les lecteurs.Rien de triste ou d'amer dans cette remarque.Alors je cherche le doux, le miel pour gargariser mon oesophage en découvrant des ouvrages de personnes qui ont écrit et aimé Trieste, des "incontestables" (ou presque).
Paolo Rumiz raconte son voyage au fin fond de ces pays qui appartinrent à l'Empire austro-hongrois,il s'étonne de voir avec quel soin les services du K & K (Koeniglich und Kaiserlich)suivirent les combats,"au jour le jour", sur le front de l'est entre 1914 * et 1918 pour y enterrer dignement et "sur place" les soldats morts.Tous ces cimetières sont encore si bien entretenus aujourd'hui nous raconte Paolo Rumiz.Quand il récite son étrange quête (des tombes) des soldats "italiens" de Trieste, Italiens sujets de l'Empereur alors même que le Royaume d'Italie se battait "contre eux".
* En 1915 l'Italie quitta la Triplice (Allemagne-Autriche-Italie) pour rejoindre la Triple-Entente (Royaume-Uni, France, Russie).De ce fait les Italiens, citoyens de l'Empire austro-hongrois,se retrouvèrent face à des Italiens,soldats du Royaume d'Italie.
Paolo Rumiz témoigne pour ses Triestins de souche italienne qui n'existent plus pour personne puisque considérés traîtres par l'Italie dès la paix revenue, un peu comme ces Alsaciens incorporés dans la Wehrmacht en 1940. Un peu seulement parce que l'Alsace redevenait brusquement allemande, alors que les Italiens de Trieste appartenaient à l'Empire (d'abord le Saint Empire et ensuite l'Empire austro-hongrois)depuis presque 500 ans.
Non seulement ces Italiens de Trieste mais ceux de toute la côté adriatique, de l'Istrie, de Fiume (Rijeka aujourd'hui) et Pola (Pula).
Je me gargarise, moi qui ne connaissais presque rien de cette histoire, moi qui
n'ai passé que quelques heures à Trieste un jour de mai 1981, enfin un jour...la nuit tombait.Un collègue et ami conduisait le véhicule de notre compagnie.Un véhicule plein de "pièces de rechange" pour un appareil d'ultrasonographie que nous devions exposer à un congrès médical à Dubrovnic.A la sortie de Trieste nous fûmes renvoyés six fois avant de trouver un point de passage où les douaniers endormis ne levèrent pas le nez pour contrôler nos bagages étranges et suspects.Ah, les nouvelles technologies, déjà !
Je me gargarise tout en reconnaissant et notant lucidement quelques faits manqués et analyses erronées, mes oublis,mes erreurs, les leurs.
Patrick Boman ? Une revue de l'histoire de Trieste, enfin un survol ironique, parfois humoristique.Je me gargarise en notant ce qu'il a manqué,mais j'envie sa souple écriture.
Georgio Pressburger ? Des petites nouvelles, des atmosphères.
- "Trieste" Ceyzérieu, Champ Vallon, 1985., Essai, Frank Venaille.
... Frank Venaille: "oui, l'aura sulfureuse de Trieste est si forte qu'il devient tentant de s'en contenter et de rester chez soi, à rêver d'elle".
C'est ce que je pense ce soir.
...
L.T.