Quelle horreur ....

 

Lundi,07h00... les ouvriers viennent acheter leur "dix-heures" avant d'aller sur leur chantier.

On dirait que Jésus rit (en regardant de près... ce que je fais souvent). 

L'ancienne laiterie. À noter: l'inclinaison du mur frontal sur sa base.

WC oubliés !

 1948

 

Déportation de Lithuaniens vers la Sibérie. 

 

 Chiang Kai Shek arrive à Taïwan.

 O mon gode !

 Indépendance de la Malaisie.

Le coup d'etat communiste de Prague.

Traité de Bruxelles, 1948. C'était encore le Brexin !

L.T.

  P.S.: Restons légers. Aujourd'hui, 29 août, j'entre dans ma septantième année, sans m'en réjouir, ce qui ne devrait pas m'empêcher de bien boire et manger. Dans un coin secret je garde un carnet contenant l'inventaire de mon (lent) délabrement. Épouvante * et tristesse. 

Rappel: en cas d'accident grave ou de maladie genres: AVC, légume, cancer, je souhaite qu'on me laisse mourir sans thérapie (sauf anti-douleurs). Ensuite: un apéro sans cérémonie si ça aide les survivants mais rien, rien, rien de religieux (je me suis déclaré "païen" à l'administration). Bien évidemment ça ne sera plus mon affaire. Qu'on donne alors un coup de main à ma veuve et à ma fille, oui. Merci !

Cercueil en carton.  

Restons légers. Chacun le sait, ça n'est pas une question d'âge, les souvenirs faut s'en méfier, les personnels comme ceux qui racontent l'Histoire. Il m'est venu l'idée de jeter un œil sur l'année 1948. En gros c'était déjà la merde (à l'attention de ceux et celles qui pensent qu'avant, ah, autrefois...).

Le voleur de bicyclettes, Key Largo, ... une année riche en bon film: The Numbers - Movies Released in 1948, clic.

 

En littérature... rien d'extraordinaire...

Les arts... euh...

   

 

Prunier en fleur, Matisse

En sciences...

§  July–October 1948  – Claude E. Shannon publishes "A Mathematical Theory of Communication" in Bell System Technical Journal, regarded as a foundation of information theory, introducing the concept of Shannon entropy and adopting the term Bit.

  

§  Casimir effect predicted by Dutch physicist Hendrik Casimir. 

§  Herbert Fröhlich makes a key breakthrough in understanding superconductivity, at the University of Liverpool qui m'ont beaucoup aidé dans mes travaux sur la batterie à eau mi-lourde. L'eau semi-lourde, ou eau deutérée, est l'oxyde mixte HDO (ou ¹H²HO). Dans les océans et les eaux de surface, elle est bien plus abondante que l'eau lourde. Il arrive qu'on parle (fautivement) d'eau lourde à son propos, au lieu d'eau semi-lourde. Quand on évoque l'eau lourde ou l'eau semi-lourde, dans le domaine de l'énergie nucléaire notamment, on qualifie souvent d'eau légère l'oxyde de protium (¹H₂O) ou bien l'eau naturelle (constituée essentiellement de cet oxyde) 

*   Épouvante: En ancien français espoenter, du latin vulgaire *expaventare dérivé de expavens, participe présent de expavere (« craindre, redouter »), composé de ex- (ici avec un sens expressif) et pavere (Sans doute apparenté à pavio, pavire " battre "). Wikipedia.

Étrange cousinages: craindre et battre ! 

...

   Petite suite.... je ne suis pas grand "fan" de Matisse * cependant en lisant cette lettre (dessous) écrite en 1948 ma tristesse d'aujourd'hui a grandi. Color-blind ou daltonien * * c'est quand même un handicap, non ? J'ai souligné dans cette lettre la terrible sentence. 

Un autre "point" de cette missive a retenu mon attention: le travail (par exemple d'un artiste) dans le temps. Je pense (maintenant) à une amie réalisatrice de films qui présentera son dernier ouvrage à Monthey, Valais, le 23 septembre au cinéma Plaza: "Malevoz". 

Cette aimable dame a "travaillé", souvent en solitaire, toujours avec peu de "moyens", parfois avec des moments de paresse, d'autres de doutes (ah, le doute !), pourtant elle continue... Je n'ai pas toujours compris où elle souhaitait nous emmener. 

Certains ont posé une fois ou deux un regard dédaigneux, condescendant sur ses films. Tant pis pour eux.

En somme j'ose (lui) dire: j'ai douté en ayant toujours, toujours, toujours confiance, belle contradiction. Là juste quand j'écris cette phrase je vois une maman moineau donner la becquée à sa petite, petite qui ouvre son bec avec une aveugle confiance. Ma "confiance" en cette dame réalisatrice n'est pas aveugle (peut-être quand même color-blind). Il me convient de lui grandir (garder est un vilain mot) cette confiance parce qu'elle "travaille", cela en dehors de notre longue amitié.

Plaza, Monthey, Valais, Suisse, 23 septembre 19h30.... Non, 18h30....

Dans sa lettre à Henry Clifford (USA mais il est mort à Lausanne) Matisse parle des couleurs mais surtout du "travail dans le temps" et de l'apprentissage. Il met en garde "la jeunesse" (jeunesse en tout) comme s'il croyait encore en ces années-là, 1948, qu'on doit apprendre des anciens. Il m'arrive (trop souvent) de dire, croire, penser que la jeunesse commet aujourd'hui un crime négationniste, refusant de reconnaître ce qu'elle doit aux générations précédentes. C'est pour le moins son langage. Il arrive qu'un chanteur accepte l'influence, dans une interview, d'un grand prédécesseur. Mais ça ne remonte jamais très loin. 

Mes mots sont mes couleurs.

À la veille d'entrer dans ma septantième je me force de croire que la jeunesse vaincra ses démons. Pas pour nous ressembler, queu non, mais pour simplement "être jeune", folle, innovatrice, merdeuse, qu'on soit jaloux d'elle...

 Ces petits vieux avant l'âge m'emmerdent. 

- Papy ? 

- Ouaie ?

- T'as trop bu ?

- Ouaie...

 pour aujourd'hui...

* Cézanne, Lautrec, Van Gogh, Gauguin sans parler des tout grands du XVeme siècle entre l'"Italie" et les Flandres..., de leurs héritiers Durer, Holbein,... 

* * Nous autres francophones sommes plus respectueux envers Mr Dalton. 

En 1948, dans une lettre à son ami Henry Clifford, le peintre Matisse fait le point sur sa démarche :

« J'ai toujours essayé de dissimuler mes efforts, j'ai toujours souhaité que mes œuvres aient la légèreté et la gaieté du printemps qui ne laisse jamais soupçonner le travail qu'il a coûté. Je crains donc que les jeunes, en ne voyant que l'apparente facilité et les négligences du dessin, se servent de cela comme d'une excuse pour se dispenser de certains efforts que je juge nécessaires. […] Ce lent et pénible travail est indispensable. En vérité, si les jardins n'étaient pas bêchés à l'époque voulue, ils ne seraient bientôt plus bons à rien. N'avons-nous pas d'abord à nettoyer puis à cultiver le sol à chaque saison de l'année ? […] Ce n'est qu'après des années de préparation que le jeune artiste a le droit de toucher aux couleurs — pas aux couleurs en tant que moyen de description — mais en tant que moyen d'expression intime. Alors il peut espérer que toutes les images et même tous les symboles qu'il emploie puissent être le reflet de son amour pour les choses, un reflet dans lequel il peut avoir confiance, s'il a été capable d'accomplir jusqu'au bout son éducation avec pureté et sans se mentir à lui-même. Alors il emploiera les couleurs avec discernement. Il les posera en accord avec un dessin naturel, informulé et totalement conçu qui jaillira directement de sa sensation ; ce qui permettait à Toulouse-Lautrec, à la fin de sa vie, de s'exclamer : “Enfin, je ne sais plus dessiner.” […] Le peintre débutant pense qu'il peint avec son cœur. L'artiste qui a terminé son développement pense aussi qu'il peint avec son cœur. Seulement ce dernier a raison parce que son entraînement et la discipline qu'il s'est imposée lui permettent d'accepter les impulsions. […] Mon but n'est pas d'enseigner. […] Je voudrais que les gens sachent qu'il ne faut pas approcher de la couleur comme on entre dans un moulin, qu'il faut une sévère préparation pour être digne d'elle. Mais avant tout, il faut posséder le don de la couleur comme un chanteur doit posséder la voix. Sans ce don, on ne peut aller nulle part et tout le monde ne peut pas dire comme le Corrège : moi aussi je suis un peintre. Un coloriste marque de son empreinte même un simple dessin au fusain. […] Je m'aperçois que, obéissant à une nécessité intérieure, j'en ai fait l'expression de ce que je ressens à propos du dessin et de la couleur et de l'importance d'une discipline dans l'éducation d'un artiste. »