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Au gré de la plume
24 août 2018

Jeudi.... deja

 

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Sortie ce jeudi matin...Vevey, Montreux, Villeneuve,...

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Zoé ne bouge pas avant la fin du jour...

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Prunes et tomates au séchage ! 

....Résultat de recherche d'images pour "le valais a livre ouvert"

L.T.

Casino de Saxon, Valais, Suisse.

 

P.S.: Après-midi de lecture. Un peu brouillon ces jours. Je m'amuse à suivre quelques écrivains qui habitèrent la Suisse.

«X. La maison où nous avons vécu en été 1868 (après la mort de Sonia). Les fenêtres du cabinet de travail donnaient sur la rue du Centre.» Ce petit texte est de la femme de Dostoïevski, Anna Grigorievna, qui utilise cette carte postale comme photo souvenir de leur séjour (elle ne l’envoie pas).

«X. La maison où nous avons vécu en été 1868 (après la mort de Sonia). Les fenêtres du cabinet de travail donnaient sur la rue du Centre.» Ce petit texte est de la femme de Dostoïevski, Anna Grigorievna, qui utilise cette carte postale comme photo souvenir de leur séjour (elle ne l’envoie pas). Image: MUSÉE DOSTOÏEVSKI DE MOSCOU

 Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, né à Moscou en 1821, et Anna Grigorievna Snitkina s’installent à Vevey fin mai 1868 dans un petit logement du centre-ville. Le couple vient de quitter Genève «ville lugubre et éventée», décrit l’auteur de Crime et châtiments à un proche. Surtout, Fiodor et Anna, qui est aussi sa sténographe, viennent de vivre un drame terrible: la mort de leur fille, Sonia, née trois mois plus tôt dans la Cité de Calvin. L’enfant a succombé à un refroidissement, elle repose au cimetière des Rois.

Déjà malade, sujet à de nombreuses crises épileptiques, le romancier russe, est effondré par ce deuil, lui qui connaît la paternité pour la première fois à l’âge de 46 ans, alors que sa femme en a 23. Pour ne rien arranger, Dostoïevski est endetté à force de perdre de l’argent à la roulette dans tous les casinos où il passe, Baden-Baden par exemple. Un an avant son arrivée en Suisse, un de ses principaux romans est publié… Le joueur. Mais à Genève, malgré le climat qu’il déteste, Dostoïevski dresse le plan de son nouveau roman, le chef-d’œuvre L’idiot. Dans son abondante correspondance à Apollon Maïkov, il écrit avant la mort de Sonia: «Je tiens ici un roman et, si Dieu me vient en aide, il en sortira une œuvre importante. Je l’aime déjà infiniment et je vais l’écrire avec délices et angoisse.» Puis, après la disparition de sa fille unique et juste avant son installation à Vevey: «Malgré tout mon chagrin, j’ai travaillé nuit et jour à mon roman. Comme il m’a été pénible, odieux d’écrire. Et je n’ai guère avancé.» L’œuvre doit être publiée dans Le Messager russe. L’écrivain a reçu une avance, engloutie dans ses dettes et… au Casino de Saxon-les-Bains (VS).

 

Selon les archives, Fiodor, désirant quitter Genève, a hésité entre Vevey et Montreux. Il écrit à un ami «Je tâcherai de vous écrire de notre nouveau domicile. Montreux est l’un des endroits les plus chers et les plus à la mode en Europe (…). Je connais Montreux et Chillon. J’y suis allé plusieurs fois. C’est beau et sain, il n’y a ni ouragan ni changements fréquents. C’est là qu’il nous faudrait nous installer, moi pour écrire et Anna pour sa santé. Mais voilà: Montreux, c’est cher et il n’y a que des pensions.» Sa seconde fille, Lioubov, séjourna à Montreux, à l’Hôtel Les Narcisses, à Chamby pour se soigner. Fiodor et Anna auront encore deux fils.

 

Amour et haine de Vevey

 

L’écrivain opte donc pour Vevey. Il y espère un avenir plus serein et se remet intensément à l’écriture de L’idiot. Le roman dépeint la vie du prince Mychkine, un jeune homme bon et naïf. Qualifié d’idiot par ses proches, il est de retour à Saint-Pétersbourg après un séjour en Suisse, où ses médecins lui ont conseillé de se rendre en cure pour y soigner ses nombreuses crises d’épilepsie. L’aristocrate dépense son argent au jeu avec l’espoir de gagner pour éponger ses dettes…

 

Dans un premier temps, il apprécie Vevey «où il n’y a ni bise (sic), ni brusques changements de temps». Il évoque dans une lettre écrite à sa nièce: «C’est un des plus beaux panoramas d’Europe. Même en rêve, vous ne verrez rien de pareil. Les monts, l’eau, l’éclat, tout est magique.» L’écrivain et sa femme sont installés au premier étage d’un petit bâtiment, au coin des rues du Simplon et du Centre; là où se trouve aujourd’hui l’ECA. Quelque trente ans auparavant, l’écrivain Nicolas Gogol, né dans l’Empire russe, d’origine ukrainienne, a aussi vécu à Vevey. Il y a lancé l’écriture de son œuvre principale, Les âmes mortes, publiée en 1842. Dostoïevski «aspire au calme et à la solitude». Il ne fréquente pas les nombreux Russes de passage. «Vevey était une étape très appréciée sur la route qui mène à Nice. De nombreux aristocrates ainsi que la tsarine Alexandra Feodorovna, épouse de Nicolas Ier, ont séjourné à l’Hôtel des Trois Couronnes», indique Françoise Lambert, directrice et conservatrice du Musée historique de Vevey. À l’été 1868, l’auteur de Souvenirs de la maison des morts aurait pu croiser par exemple les princes Troubetskoï et Souvarow. Dostoïevski se méfie car il apprend à Vevey qu’il est surveillé, de même que sa correspondance, par la police secrète russe. Durant une période de sa vie, l’auteur a fréquenté des cercles révolutionnaires. Il a dans un premier temps été condamné à mort. Sa sentence fut commuée en quatre ans de bagne, purgés à Omsk.

 

À Vevey, il se remet au travail sans joie. De nouveau tourmenté et malade, il met un terme à sa courte lune de miel – trois mois – avec «cette méchante petite ville de 4000 habitants; par malchance nous sommes de nouveau mal tombés, tout me répugne ici». Début septembre Fiodor et Anna partent en Italie. Ils ne reviendront plus en Suisse. Dostoïevski s’éteint en 1881 à Saint-Pétersbourg un an après la parution de son dernier chef-d’œuvre: Les frères Karamazov. (TDG |03.02.2018)

 

 

  Universitaire éminent, spécialiste internationalement reconnu de Dostoïevski, Joseph Frank a consacré sa carrière à l’étude de la vie et de l’œuvre du grand écrivain russe. La magistrale biographie qu’il signe compte dans sa version originale, chez Princeton University Press, cinq volumes. Couronné par plusieurs prix prestigieux aux Etats-Unis, cet extraordinaire travail critique restitue avec force le contexte social, politique, littéraire et culturel de la période qui a servi de matrice à l’œuvre.
Dans la perspective de l’édition française, le biographe a choisi de recentrer son travail autour des années les plus productives de l’écrivain, de 1865 à 1871, ces "années miraculeuses" qui furent celles de Crime et Châtiment, du Joueur, de L’Idiot, de L’Eternel Mari et des Démons. Ces chefs-d’œuvre pourtant furent écrits dans des circonstances particulièrement tourmentées : la première femme et le frère de Dostoïevski meurent l’un après l’autre, après une liaison tumultueuse et une rupture scandaleuse, il se remarie avec la jeune sténographe qui lui permit d’achever à temps Le Joueur, tous deux s’enfuient à l’étranger pour échapper à leurs nombreux créanciers. Leur séjour, qui devait durer quelques mois, se prolongera plus de quatre ans, et ces quatre années en Suisse, en Allemagne, en Italie… sont marquées par la pauvreté, les crises d’épilepsie, la mort de leur première enfant, un penchant croissant pour le jeu, et un travail acharné afin d’assurer quelques revenus à une famille qui s’agrandit. En prise à ces difficultés permanentes, Dostoïevski conçoit un amour de plus en plus grand pour sa patrie, doublé d’une haine pour les doctrines nihilistes russes, considérées comme une création européenne pervertissant l’âme russe.
Joseph Frank, par l’ampleur de son érudition et la finesse de ses analyses littéraires, fait la preuve brillante de l’interaction profonde chez Dostoïevski entre vie et œuvre : ici, la biographie justifie l’œuvre autant que l’œuvre éclaire la biographie.

 

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