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Au gré de la plume
26 juin 2017

Boby Bolzen, non Robert Bozlen...!

 

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L.T.

DSC01826  Dimanche matin

Entre hier après-midi et ch'matin nous avons perdu plus de 10 degrés. Du coup la chienne Zazie retrouve un peu d'énergie. 

Comment montrer, en image, en mouvement, la difficulté d'une personne (disons d'une femme dans sa trentaine) à entrer en écriture ? Elle désire écrire, plus que cela même... elle en sent le besoin, elle doit mais ne peut pas.

Voilà un des quelques sujets que nous abordions hier soir après un repas entre amis.

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             M'est revenu en tête l'expérience de Boby Bazlen (et non Balzen) "l'écrivain qui n'écrit pas" et qui apparaît discrètement dans mon "Trieste". 

Il y a une évidente différence entre ne pas pouvoir écrire et refuser de montrer ses pages. 

Il y a-t-il une  si évidente différence entre ne pas pouvoir écrire et refuser de montrer ses pages ?

Je n'en suis pas convaincu.

Bref, sur mon balcon, après notre petit déjeuner et une rapide sortie-pipi avec la chienne (qui m'en avait fait savoir l'urgence), après tout ça, don, j'entreprends quelques recherches sur la Toile. D'abord Boby Bazlen, pouf, rigolo, je tombe via Google sur une page de mon bloguinatzet où l'on trouve une analyse d'un film réalisé "à son sujet": Qui l'eût dit - Au gré de la plume, cloc.

N'en faisons pas un plat de lentilles, je redonne volontiers ce lien parce que le contenu est essentiellement du copié-collé, donc... pas de moi. Ah ! Le film est de Matthieu Almaric: "Le stade de Wimbledon", il est adapté d'un roman de Daniele Del Giudice. 

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" Le Stade de Wimbledon est un film français réalisé par Mathieu Amalric, présenté en août 2001 lors du festival du film de Locarno, et dont la sortie généralisée a lieu le 13 février 2002 en France. Second long-métrage du réalisateur, il s'agit d'une fidèle adaptation du roman homonyme de l'écrivain italien Daniele Del Giudice, publié en 1983, qui, contrairement à ce que son titre suggère, est l'histoire d'une quête personnelle et littéraire dans la ville frontalière de Trieste en Italie. Le film est principalement interprété par l'actriceJeanne Balibar qui en est également la narratrice.

Bien reçue par la critique, cette œuvre, à l'esthétique et au rythme très particuliers, permet à Mathieu Amalric d'être également considéré par la profession et par le public comme un réalisateur à part entière du cinéma d'auteur français, et non pas uniquement comme l'un de ses principaux acteurs. La sélection du film dans la liste finale des neuf films retenus en 2002 pour le prix Louis-Delluc constitue l'un des éléments de cette reconnaissance." Wikipedia.

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La (une)  réponse est là !

                          Le sentiment de culpabilité (l'Occident ayant abandonné Constantinople aux Musulmans turcs), la souffrance supposée jouissive de Saint Etienne = plaisir quasi érotique de la non-écriture (supposée impossibilité de se mettre à l'écriture). Le temps, heure, minute, seconde qui précède le "premier baiser".

Synopsis: " Dans les rues de Trieste en Italie, une jeune femme part à la recherche d'un écrivain, Bobi Wohler, qui n'a jamais publié de livres de son vivant hormis ses traductions en italien des œuvres de Robert Musil et de Franz Kafka. Cet auteur fantôme serait mort dans les années 1960 et était devenu une figure du milieu littéraire et intellectuel de cette ville frontalière nourrie de la triple influence culturelle de l'empire austro-hongrois du début du siècle, de l'Italie au début de son unité, et de la Yougoslavie d'après-guerre. Bobi Wohler fréquentait Italo SvevoEugenio Montale, et James Joyce.

Sur une année entière, elle effectue quatre voyages dans la ville (un par saison) d'une journée chacun, interrogeant pour ses travaux de vieux libraires et des personnes proches de Wohler, dans une quête de plus en plus personnelle et quasi-métaphysique dont les raisons réelles ne sont pas exposées — bien qu'il s'agisse probablement de recherches de nature universitaires. Son voyage se finit à Londres en Angleterre où elle rencontre Ljuba Blumenthal, une ancienne compagne de l'écrivain, à qui elle soumet son travail. Après une rencontre ratée d'un soir dans un pub anglais, elle erre dans les travées désertes du court central du stade de Wimbledon.Wikipedia.

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             Bien... pour Boby Bazlen on pourrait imaginer qu'il considère son écriture comme celle d'"homme sans qualité". Quand vous avez lu "du" Musil *, même en français! on doit s'interroger sur la qualité de sa contribution littéraire avant d'essayer de montrer, de se faire imprimer et publier. 

Le processus d'interrogation peut se situer avant même de commencer à écrire. Je ne crois pas que d'autres questions comme celle de l"'imagination" d'une "histoire", son déroulement possible, la trame,...., soit le frein ou le blocage. 

* Rappel: Musil vécut à Genève et il naquit à Klagenfurt (j'ai dormi dans sa maison natale transformée en "Romantic Hotel"). Par ailleurs j'ai souvent rêvé de "mettre en scène une rencontre entre Cohen, Celine, Samprun (ado) et Musil... tous vécurent à Genève dans les années "30". C'est un bon exemple de la peur de ce qui nous dépasse tant il en faudrait du talent pour écrire cette rencontre.

Les clichés qu'on retrouve dans de nombreux films, l'homme devant sa feuille blanche par un exemple, l'autre assis sur le bidet des toilettes incapable de vider ses intestins,... Non. 

Le doute sur la qualité (de son écriture) domine. 

Écrire ressemble au bricolage. Depuis deux semaines je "travaille" sur un bateau. Au départ je "pré-voyais" une de ces barques anciennes qui naviguaient sur le lac Léman. Maladroit j'ai loupé la coque qui est plus que le squelette d'un bateau. Têtu, découragé, têtu j'en ferai une misérable caravelle (un très petit peu comme celle de Colomb). En même temps que je continue mon "travail" je traine une certaine frustration, me promettant que la prochaine sera moins mauvaise, ainsi que je le dis parfois: "la même chose mais autrement". 

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        Chacun peut écrire. Un "journal" par exemple, ce que l'on fait de son temps. Après cinq pages c'est parti, bon ou mauvais. Où va-t-on, peu importe. Quand l'auteur(e) aura achevé dix pages il, elle pourra en détruire cinq mais c'est parti, vogue la "Méduse". 

image Bobi Bozlen.

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Tous les acteurs de mon "Trieste".

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L'écriture c'est cela.

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L'auteur ? Il y a des maîtres écrivains, cinéastes qui deviennent "autoritaires" (Hitckock, Pialat, Kubrick, Manoel de Oliveira, par exemples au cinéma). De mon petit côté j'aime assez perdre la main, ne pas trop savoir où me conduit un récit. En même temps je "souffre" (tout est relatif) de ne pas maitriser (la conception d') un ensemble (architectural) avant même de déboucher ma plume à réservoir :-) ... ou de scier mes pièces de bois. J'improvise (et ensuite les relectures-corrections deviennent importantes, savoir ne pas en abuser est un art secret).
Écrire ou ne pas écrire c'est la même chose, une égale excitation. Je dis bien excitation parce qu'après...  celle, celui qui n'a point fait saigner sa plume croit devenir impuissant sans preuves accablantes. Chacune, chacun sait que le plaisir se donne et se partage ce qui, froidement, ressemble plus à un calcul d'apothicaire qu'à un amplexus reservatus.

 Cantique des Cantiques, chapitre 5: 

L'ÉPOUX. Je suis entré dans mon jardin, ma soeur flancée, j ai cueilli ma myrrhe avec mon baume; j'ai mangé mon rayon avec mon miel, j'ai bu mon vin avec mon lait! Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés. L'ÉPOUSE.2Je dors mais mon coeur veille. C'est la,voix de mon bien-aimé! Il frappe: " Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, mon immaculée; car ma tête est couverte de rosée; les boucles de mes cheveux sonf trempées des gouttes de la nuit. "3J'ai ôté ma tunique, comment la remettre? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je?4Mon bien-aimé a passé la main par le trou de la serrure, et mes entrailles se sont émues sur lui.5Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe exquise, sur la poignée du verrou.6J'ouvre à mon bien-aimé; mais mon bien-aimé avait disparu, il avait fui. J'étais hors de moi quand il me parlait. Je l'ai cherché, et ne l'ai pas trouvé; je l'ai appelé, il ne m'a pas répondu. Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville; ils m'ont frappée, ils m'ont meurtrie;7Ils m'ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent la muraille.8Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous? Que je suis malade d'amour! LE CHOEUR.9Qu'a donc ton bien-aimé de plus qu'un autre bien-aimé, ô la plus belle des femmes? Qu'a donc ton bien-aimé de plus qu'un autre bien-aimé, pour que tu nous conjures de la sorte? L'EPOUSE.10Mon bien-aimé est frais et vermeil; il se distingue entre dix mille.11Sa tête est de l'or pur, ses boucles de cheveux, flexibles comme des palmes, sont noires comme le corbeau.12Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux, se baignant dans le lait, posées sur les rives.13Ses joues sont comme des parterres de baumiers, des carrés de plantes odorantes; ses lèvres sont des lis, d'où découle la myrrhe la plus pure.14Ses mains sont des cylindres d'or, émaillés de pierres de Tharsis; son sein est un chef-d'oeuvre d'ivoire, couvert de saphirs.15Ses jambes sont des colonnes d'albatre, posées sur des bases d'or pur. Son aspect est celui du Liban, élégant comme le cèdre.16Son palais n'est que douceur, et toute sa personne n'est que charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem.


Or l'écriture, à l'exception possible de quelques génies, devrait traduire la "passion", la passion au sens religieux (sinon biblique) et la violence de nos relations dites humaines. 
La force de cette passion est étrangère à tout souci de grandeur, tout comme nos sexologues répètent que la longueur du sexe masculin n'a d'importance qu'aux yeux orgueilleux du "porteur sain" et à l'imaginaire de la récipiendaire qui faute de tendresse ou de "suivi" pourra au moins (se) dire que nom d'une pipe ce bonhomme en avait une grosse. 
Nos vies ne sont que comparaisons, maladroites, audacieuses et parfois douteuses.
Je me passionne pour mes oiseaux-chieurs, pour les chiens et chats que j'ai aimés et ceux que j'aime, je me passionne pour Byzance, petit petit tout ça, mon n'veu. Mais si l'objet de mes passions est de taille modeste (l'ouverture d'un office postale en Grèce... par les Autrichiens en 1957) cela ne signifie pas que ces passions manquent d'intensité. 
Une modeste mais pétillante passion s'épanouira à l'ombre. 
Écrire ou ne pas écrire c'est la même chose (bis). 
Alors, écrivons cinq pages, le reste suivra. 
Les "grands", ceux qui ont écrit les meilleurs livres, méritent notre admiration et notre méfiance dès leur célébrité reconnue. Ils méritent aussi notre indulgence quand ils continuent à publier. La suite de leur ouvrage n'étant qu'un bain-marie des (souvenirs de leurs) passions vécues. La séduction et l'auto-séduction sont communes aux sept arts. Mais l'écriture (acte d'écrire) peut parfois se suffire à elle-s'aime, ce qui est rarement le cas des six autres arts. 
Il y a un quart de siècle je posais naïvement cette question à un écrivain vietnamien de mes connaissances: "Qu'est-ce qui est plus important pour toi: écrire ou être lu ?". L'homme sourit presque en se moquant mais il ne répondit pas à ma question. 
C'est peut-être ce qu'il faudrait demander à cette personne vaguement dessinée en haut de ce "blabla" dominical:

Comment montrer, en image, en mouvement, la difficulté d'une personne (disons d'une femme dans sa trentaine) à entrer en écriture ? Elle désire écrire, plus que cela même... elle en sent le besoin, elle doit mais ne peut.

Tournons autrement c't'affaire: pour écrire il faut s'assurer qu'au moins quatorze personnes sont prêtes à "croire en vous". Ce n'est pas mon cas. Peu importe, j'écris dans ma tête.

- Et je te lis, O Mon Papy !

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Gravure de Frantisek Kupka (1871-1957)

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