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Au gré de la plume
24 mars 2017

Jeudi

Lettre à une amie....

          Tu m'as récemment fait suivre pả courriel un panorama (la grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite), une parabole tirée d'un ouvrage de Olivier Clerc.

Pour dire simple, sinon vrai (ça on le sait rarement), je n'ai pas bien compris le message. J'ai donc entrepris quelques recherches, d'abord sur cette "grenouille qui ne sait pas qu'on est en train de la cuire" et sur ce monsieur Clerc.

Moi je connaissais:

« A force de tout voir l’on finit par tout supporter…A force de tout supporter l’on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter… A force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! » [Saint Augustin]

À ce point je me suis demandé: est-ce un appel à la "révolte" ? 

Oui mais dans quelle part de notre vie ? Nos relations avec nos proches, y compris celles dites "amoureuses", avec notre environnement, le professionnel, le social, le politique... ?

C'est en réfléchissant sur un éventuel lien avec le "politique", en ces temps où certains voudraient balayer l'"establishment", c. à d. le système en place: institutions, justice, médias pour laisser la place au Peuple (!)... comme si 1 seul Peuple existait, c'est en réfléchissant à l'ambiguïté contenue dans cette parabole que j'ai choisi de ne pas le propager contrairement à ce qu'on nous demandait en conclusion.

Il y a certainement beaucoup de choses pourries chez nos gouvernants et chez nos représentants aux parlements, régionaux ou nationaux. De même on est en droit de douter de l'objectivité de certains juges qui travaillent en se référant aux textes des lois mais avec une marge libre d'interprétation. La "presse", elle, a toujours reflété, en Europe occidentale, les diverses sensibilités et opinions de la population. 

Trump, Poutine, Xi Jinping, Erdogan,... et nos partisans du Peuple (l'Europe en est pleine) veulent faire croire que les temps changent et qu'il faut de l'Ordre et du Muscle pour en "revenir"... à une époque (qui n'a jamais existé). 

Si la diffusion de ce panorama n'est qu'une coïncidence et qu'en fait cette parabole n'est qu'une invitation à réagir contre une "dégradation de la qualité de nos vies et de notre environnement", alors je dirais que le message est bénéfique mais vague.

Après avoir réfléchi j'ai repris mes recherches, d'abord sur ce "philosophe" (?) O.Clerc et sur un autre volet de ses prêches: le pardon... et le "don du pardon" (expression qu'il prétend protégée par un droit d'auteur, quelle honte). 

Je ne connais pas assez ce gourou, pas plus le business qu'il fait de ses publications et de ses conférences. 18 livres pour expliquer que la théorie c'est bien joli mais la pratique c'est mieux, méfiance, méfiance... Achetez mes bouquins, venez à mes ateliers "pratiques", merci. 

On imagine que pour lui la découverte des "4 accords tolteques" fut la "révélation" ! Parti de la grenouille en train de cuire dans sa casserole me voilà en Amérique pré-colombienne à la rencontre d'un intéressant bonhomme (ex-chirurgien devenu chaman) Miguel Ruiz qui reprend la philosophie des Aztèques et de leurs prédécesseurs: 

1. Le premier accord toltèque est : « Que votre parole soit impeccable »

2. Le deuxième accord toltèque est : « N’en faites pas une affaire personnelle »

3. Le troisième accord est : « Ne faites pas de suppositions »

4. Le quatrième accord toltèque est : « Faites toujours de votre mieux »

 L'essentiel de cet enseignement plein de sagesse: l'usage de la parole (parole dite, parole écrite). 

Chacun de ces "accords" est une sorte de contrat avec soi. On nous engage à la concision, à la sobriété, à la tolérance, à relativiser la parole des autres (sans l'interpréter), à la modestie... qui n'est pas résignation. 

L'écrivain anglais D.H.Lawrence a tenté de découvrir le mode de pensée de cette civilisation ancienne dans :"Le Sepent à plumes". 

"Comme souvent dans la pensée mésoaméricaine, le symbolisme du serpent à plumes est imprégné de dualisme : il est à la fois rattaché à la terre, par le serpent, et au ciel, par les plumes de l'oiseau. C'est tout le contraire du dualisme judéo-chrétien qui sépare le corps et l'esprit : ciel et terre, par le symbolisme du serpent à plume, ne font qu'un. Il s'agit d'un symbole moniste fort, avec deux polarités indissociables." Piqué sur la Toile. 

Il est bon parfois de recadrer certains de nos "principes de vie", ceux qui nous aident à choisir la moindre des choses au quotidien. 

Je n'ai pas compris comment ce pseudo-philosophe O.Clerc récupérait les règles de la sagesse amérindienne pour développer ses théories sur le pardon. Rien de nouveau. Vive Saint Augustin.

C'est une particularité de notre XXIeme siècle: la globalisation du langage. Le processus est en cours, quand un Américain s'exprime, ses mots ne sont pas forcément compris par un Chinois en leur sens concis. Mais ce Chinois a aujourd'hui les outils (à lui de bien vouloir les utiliser) pour  faire une double traduction du message diffusé, une traduction littéraire, une autre littérale. Et ainsi chacun a moins d'excuses pour ne pas être compris ou pour ne pas comprendre exactement.

Mais par ailleurs il existe un risque dans cette globalisation, nous le connaissons tous: l'abus des mots. Parlons moins. 

Voilà.

Juste pour te redire que je suis lent mais attentif.

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Attention, je montre mais je n'adhère pas.  

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C'est plein de sagesse, trop ă mon goût. O Passion !

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 Ici le mot "immunisés" me fait peur,

L.T.

Nous ne pouvons pas toujours mesurer les espaces de "disambiguation" *. 

Si nous ne vivions pas aujourd'hui en francophonie, Dulcinée et moi, nous parlerions encore en anglais, l'idée que l'un et l'autre fasse son bout de chemin me parait saine et même excitante. Par ailleurs je garde une admiration pour la langue des Perfides, celle qu'on parle sur l'île, là-haut en dessus... pas celles des Américains, des Australiens, des Singapouriens ou des Philippins. 

 Ainsi, relisant ce qui précède,  mes contradictions sautent aux yeux.  Choisir les mots les plus clairs...  ne pas trop en utiliser ! 

La simple lecture des journaux montre qu'on est loin de la sérénité des Toltèques. Vrai que si l'on ne publiait que des articles sages, contenus, la lassitude prendrait le d'ssus. Les Aztèques, héritiers des Toltèques, ont disparu ce qui est un fait à prendre en compte si l'on choisit leur philosophie de vie. Ils n'ont pas survécu (ce sont eux qui ont refilé la syphilis aux Espagnols et pas le contraire).

Donc on aime l'excès. Un candidat bien vêtu parle de "complot" en espérant ainsi se laver de lourdes fautes.... commises. Ailleurs un président lance des accusations, sans preuve,  pour distraire l'attention portée à celles dont il est "victime". "Qui a trahi son devoir de réserve en laissant fuir des documents" remplace "oui mais ce qui a fui est-il vrai ?".  

 Le monde politique a depuis toujours dépassé les bornes de la décence et de l'objectivité. C'est bien pour miser sur la réaction passionnelle des citoyens. 

Mais si l'on regarde un programme sur la littérature ou le cinéma (par deux exemples) l'effet rhétorique seul est considéré. On canarde, on tiraille, on grenaille. Quant aux débats philosophiques la diversion, la contre-attaque se fait par l'usage de MIM, mots d'incompréhension massifs. L'un distrayant l'autre en contestant la définition d'un vocable, d'un concept. Le spectateur dira qu'ils parlent dans le vide. Les sympathisants se gargarisant d'avoir compris au moins une définition...

Qui n'a pas en tête le souvenir d'un film dans lequel un avocat argumente face à un procureur (et inversement) ou le souvenir d'expertises psychiatriques, la première démontrant l'insanité du prévenu, l'autre la parfaite maîtrise de sa conscience... dont actes. 

 Donnons un autre exemple: le projet d'un mur anti-bruit entre route et habitation. Les "pro" évoquerons 12 décibels en moins, la valorisation de leurs biens, l'opportunité d'un soutien financier étatique pour sa construction, l'inexorable avancée du modernisme, les "contres" contesteront ces arguments allant jusqu'à parler d'un mur monstrueux et inapproprié en soulignant l'importance de nos héritages (aspects esthétiques), héritages qui en prime sont une valeur financièrement croissante. 

 En Suisse nous cultivons l'art de la frustration qui est aussi l'art du compromis. La frustration devient une motivation, celle de la revanche, je n'en sais rien, mais la frustration pourrait être le moteur de notre enrichissement... ceci depuis le temps des soldats mercenaires (XVI) jusqu'à celui des migrations (XIX) de nos populations affamées. 

 La question était: Faut-il désespérer ? Entre un combat qui donne un vainqueur/vaincu et un arrangement pacifique entre deux frustrés ? 

Je n'en sais rien. Pas plus... ce qu'est le pardon.

 Pour en revenir à nos Toltèques je crois qu'on peut s'inspirer de leurs quatre "accords" sans en faire sa vie. La passion, c'est à dire la sauvagerie, reste le moteur du progrès. Ceci dit je serais incapable d'argumenter sur la nécessité de "progresser". On sait, par ailleurs et hors sujet, que c'est le progrès que refusent nos frères musulmans, pour des raisons non méprisables, tout comme celles qui font qu'on puisse refuser un mur anti-bruit..... :-) 

 Disambiguation refers to the removal of ambiguity by making something clear.Disambiguation narrows down the meaning of words and it's a good thing. This word makes sense if you break it down. Dis means "not," ambiguous means "unclear," and the ending -tion makes it a noun.

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