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Au gré de la plume
19 février 2017

Dimanche, Treyvaux - 2

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L.T.

P.S.: 12h00, samedi.

Apéro, salami et gruyère. Que nos peuplades de rustres soient capables de produire de si bonnes choses depuis des siècles pourrait (pourrait, rien de plus) adoucir la sévérité de mon jugement concernant Darwin-le-païen (déjà j'entends, mon oreille droite reste fine, j'entends un de mes amis corriger: "hérétique peut-être, païen certainement pas").
Pourquoi, comment puis-je trouver un bonheur, si simple, en restant à la maison, assis sur ma chaise, suçant ma bière entre deux bouchées, une de salami, l'autre de gruyère - dont je ne taille pas la couenne tant elle est délicieuse - à lire un roman de Jane Austen ?
Dehors , toujours cette oreille droite, les bruits de la ruelle, les motos, les femmes qui se chamaillent comme à Chioggia, les enfants moqueurs.
J'entends aussi la famille des Soviets, réunie "in corpore sano", Joseph, Mamouchka, leur cadette Momo, le chien Tom-Tom, la grande fille, son mari et leur petite. Joseph est un casanier, il ne s'absente que pour son travail. Mamouchka veille aux grains depuis toujours. Ses bières, sa vodka... oui mais à la maison.
L'aînée ne travaille plus, l'ambitieuse vise haut en prenant son temps et les sous de sa mère, son jeune époux vend de la viande aux grands hôtels, entreprise familiale.
Et toutes leurs fins de semaine ils les passent ici. Si Mamouchka se réjouit de câliner sa petite-fille, elle s'inquiète de l'orgueil paresseux de son aînée.
Pas besoin de voir de mes yeux, la ruelle, la vie, le voisinage (je vous épargne la famille de la prof' d'anglais qui nous voyant arriver en tirant nos valises, trente jours déjà,...me lançait en son anglais: "Congratulation"! Congratulation ? les images remontent à la surface de ma cervelle, blurp, blurp, en faisant des bulles. 

13h30.
Dulcinée va voir son petit-fils, elle rentrera de Times City dans trois heures et nous y retournerons un peu plus tard pour ce repas en compagnie du "gamin", de sa nouvelle donzelle et de la fillette de celle-ci.
Après avoir mangé nous irons ensemble chercher le fils du "gamin", sa maman, présentement absente, loge à quelques centaines de mètres.
À la fin je rentrerai seul à la maison, Dulcinée restera avec son petit-fils au domicile de la maman qui ne réapparaîtra que dimanche, m'a-t-on laissé savoir.
C'est très vietnamien tout ça ! 

16h15.
"Persuasion", Jane Austen: fini ! Excellente initiation à la pensée aristocratique anglaise du début du XIXeme siècle. Une écriture fluide et légère, bien plus légère que l'étiquette de la "Gentry" de cette époque. Il y avait beaucoup de "Elliot" ce qui parfois troublait ma vision de leur puissant arbre généalogique. On se mariait souvent entre cousins.
Un moment d'hésitation: "Jane Eyre" de Charlotte Brontë ou "La Fille du Capitaine" de Pouchkine ? Ou alors "Agnès Grey" de Anne Brontë (troisième sœurs). À l'heure des repas (en tête à tête) et quand Dulcinée a terminé son "rapport", je lui présente le mien, mes lectures et ce que j'ai appris sur l'auteur, l'époque. Écoute polie.
La publication des premières œuvres des trois sœurs date de 1847. Du coup me voilà en quête d'informations sur cette période, en Angleterre, sachant qu'en 1848 le Printemps des Peuples secouait l'Europe continentale.
En 2017 les Peuples sont en effervescence, autrement, bien autrement, mais pourquoi ne pas tenter une analyse comparative, ne serait-ce que pour identifier les "modes de penser" à 170 ans d'écart.
- C'est trop pointu pour toi, Mon Papy !
- Je sais.
Propos sur la Révolution de 1848 - Persée
www.persee.fr , de H Brunschwig - ‎1948
Pourquoi l'Angleterre, pourquoi la Russie se sont-elles distinguées des autres pays entre 1815 et 1848 ? 

22h30. Maison.
Le "gamin" et sa donzelle m'ont gentiment raccompagné en voiture. Ce fut une agréable soirée. Le plus souvent ces repas réunissent trop de convives, là nous étions cinq, Dulcinée, le "gamin", disons... son amie, la fille de celle-ci et moa. Tout ça dans un de ces buildings du côté de Times City.
Un repas très convenable, repas préparé par le fils de Dulcinée.
Aspect positif: la fillette, 7, est bien éduquée, chose rarissime par ici. Espiègle sans en faire trop.
Une fois sortie de table nous sommes allés piquer le petit-fils dix blocs plus loin. Tout le monde était ravi. Grand-mère bien évidemment, le papa du petiot, son amie, la fillette et la nounou du benjamin, elle avait enfin une soirée libre ! Moa j'étais content que tout'l'monde soit content.
L'appartement, 3 pièces + 2 salles de bain, où nous avons mangé, propriété du papa de la donzelle m'a paru bien tenu. Quelques meubles un peu kitchs mais bon.
Le coin cuisine est parfaitement équipé. Les télés, +++, hyper-sophistiquées comme il se doit aujourd'hui chez cette nouvelle bourgeoisie. Pas un seul livre !
Il m'arrive de penser que nous sommes, Dulcinée et moa, des spartiates d'une autre époque, des résistants.

01h00, nuit.
Zut plus d'eau. Voilà que je monte et descends pour "voir" (?) le réservoir sur la terrasse, ouvrant fermant ici et là les robinets, tirant la chasse d'eau des trois WC ! Arrêt des chauffe-eau en urgence.
Pompons ! Le moteur électrique ne fait pas trop de bruit.

 

06h30.
Dulcinée doit rentrer dans un moment de sa nuit de garde chez la maman (absente) de son petit-fils.
Pouchkine, La Fille du Capitaine. 

Alors qu'il conduisait la voiture de son amie * - assise à sa droite - , le fils de Dulcinée crut devoir se confier. Rien à voir avec sa Berezina financière, heureusement pour lui. Non le "gamin" souhaitait partager ses inquiétudes et ses espoirs de jeune papa. On le sait, la mère de son fils a un premier enfant (7 ans) d'une antérieure mésalliance. Le garçonnet est en surpoids, 55eme sur les 60 de sa classe et passe son temps libre à jouer sur "sa" tablette et avec ses Lego. Pourtant le môme est sensible, adore sa maman et son demi-frérot.
Bon, le "gamin" me fait une intéressante description, lucide, de son ex-short term-compagne: "elle est comme les Américains, narcissique, elle croit que les diplômes ne sont pas nécessaires pour réussir, l'entregent suffit, mieux il prévaut". Je ne me souviens pas du mot qu'il utilisa en anglais pour "entregent".
Je répondis qu'à l'avenir, le Vietnam offrira moins d'espace pour les dribbleurs du business et qu'un diplôme et de l'entregent c'est encore mieux et... compatible avec l'esprit d'entreprendre. Je poursuivis, songeant plus au vocable "entrejambe" qu'à "entregent": "Pour une femme ça peut encore marcher, pour un homme j'en doute et comme elle a deux garçons ! ".
Et dans l'épanchement je concluai :"Fais attention qu'elle n'en fasse pas un deuxième obèse et c'est préférable de prendre le temps de jouer avec un enfant que de lui refiler une tablette en espérant qu'il reste tranquille dans son coin".
Je soulignai une deuxième fois que son premier, nul en classe, obèse, souffre aujourd'hui des moqueries de ses "copains", possible qu'il réussisse plus tard sans diplôme comme veut le (faire) croire sa maman mais c'est aujourd'hui qu'il est en peine. 

* Elle monte en grade passant de "donzelle" à amie.
* * Entregent. Je chercherai plus tard, pour le moment la Wifi des Soviets est faiblarde. 

10h30.
On se prépare à sortir.

...

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