Soleil !

  

  

 

  

 

 

 

Tet 2012, Hanoi.

L.T.

P.S.: "Cuisine interne". On peut en parler sans trop dévoiler notre " intimité financière". C'est le temps de débroussailler les documents nécessaires à la rédaction de notre déclaration fiscale annuelle. Une fois ce "travail" accompli je me rendrai aux bureaux de Pro Senectute (ONG assistant les Vieux dans divers et nombreux domaines dont l'administratif). Un bénévole (souvent un ancien fonctionnaire ou un comptable) enregistrera ma déclaration par voie informatisée. Plus besoin de poster nos justificatifs et autres attestations bancaires, tout est "scanné" et joint au formulaire principal.  Nous pourrions le faire nous-mêmes, mais l'intervention de cette ONG ajoute un certain "crédit moral" à nos "données".

Rien de sorcier, l'objectif est de rendre les comptes lisibles. En effet nos sous sont dans plusieurs banques vietnamiennes, en monnaie locale (Vietnam Dong)... avec interdiction de les sortir du pays. Et "là-bas" il est habituel de placer son argent dans des banques différentes offrant des taux d'intérêt attractifs. Les objectifs des particuliers sont : 1) ventiler les dépôts, une banque ou une autre pouvant soudain disparaître 2) profiter d'offres spéciales, comme nos "sales", par exemple un intérêt de 6% ou plus ici ou là... C'est une sorte de "sport" national que d'ouvrir (et fermer) de multiples comptes (parfois plus d'une dizaine par personne) au fil des mois, selon le % et le "terme" proposés. La concurrence est vive. De ce fait les numéros de nos "livrets d'épargne" changent sans arrêt, chose peu fréquente "chez nous", le Suisse restant fidèle à son banquier même si c'est l'UBS ou le Crédit Suisse, deux établissements "voyous" bien connus. 

Ayant fini mon brouillon...  à la main, voilà Dulcinée qui propose de le mettre au propre. Le but de l'opération, on le comprend en lisant ce qui précède, c'est de permettre aux fonctionnaires de l'Office de Taxation de comprendre rapidement notre situation sans susciter trop de méfiance. 

Parler des "impôts" ça ne se fait pas ou alors c'est une protestation "contre" un État oppresseur. Ça ressemble aussi à notre vie sexuelle. On triche de " bonne foi", en gardant son silence, en enrobant. Tout le monde le fait... sans exception, parfois c'est un mensonge par omission. Ce qui m'amuse c'est aussi le sentiment personnel : j'en paie assez comme ça. Comme quand on prend sa voiture après avoir bu, considérant qu'on a pas trop bu et qu'on "tient la route". 

Facile à dire, nous en payons peu, l'impôt est un acte de citoyen, de solidarité avec (et non envers) la société. Les taxes sont aussi vieilles que notre Histoire. L'impôt est aussi une expression de la justice. 

Reconnaissons aussi que la Suisse n'assomme pas les contribuables d'une part et que l'utilisation des "recettes" se fait dans la clarté, si ce n'est de bonne manière, d'autre part. Par contraste on peut comprendre le doute qui envahit le  "Tax payer" vietnamien, doute qui lui "permet" de tricher systématiquement. L'homo vietnamensis d'aujourd'hui ne se sent patriote ou solidaire que lorsque son équipe de foot rencontre la Thaïlande lors decompétitions sportives.

Ce que je racontais autrefois, ce que confirme Dulcinée sur la déliquescence de la "Nation vietnamienne" est douloureux particulièrement quand on se souvient des sacrifices faits par les grands-parents. Aujourd'hui Dulcinée pense en grand-mère et s'inquiète de voir l'individu vietnamien ne penser qu'à son profit personnel et immédiat. Une attitude qui se comprenait il y a 20 ans, tant on avait besoin d'oublier les privations, le manque de tout, une attitude que certains essaient d'institutionnaliser ou de justifier en 2016 voulant ne pas voir que c'est l'injustice des mandarinats d'antan qu'on rétablit. 

Guerre d'indépendance (ou guerre d'Indochine, 1945-1954), guerre "américaine (ou guerre du Vietnam, 1966-1975), famines (1941-1945, 1980) ont fait 10 millions de morts. Et cela ne vaudrait plus rien ? 

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