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Au gré de la plume
29 novembre 2015

Mike Brant

 

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Il neige.... 

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Le milan chasse.

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Ume corneille.

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Sweet home.

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L.T.

P.S.1.: Hier matin (samedi, don), incapable de retrouver le sommeil, j'ai préféré me lever. Un petit déjeuner à quatre heures du matin, ça n'est pas désagréable. Des souvenirs de voyages me reviennent, ces fois où l'on doit être à 0600 à un aéroport. Une atmosphère spéciale. 

Mais bon, ici dans ce village, et un samedi matin, pas un bruit, personne ne gratte les vitres de sa voiture. Rien. Plus tard, sur le coup des huit heures je les entendrai remplir le coffre de leur véhicule pour monter à la déchèterie. Bouteilles vides, papiers, objets encombrants, dechets végétaux, aluminium,... 

Le conteneur des bouteilles m'impressionne toujours, comment ces villageois peuvent-ils autant boire ?

Idée farfelue à cette heure matinale: changer les cartouches d'encre de l'imprimante couleur. Voilà plus d'un an qu'on ne l'a pas utilisée cette machine. J'essaie avec patience. Échec. "On" me dit sur l'écran que l'imprimante ne reconnaît pas les nouvelles cartouches. J'abandonne. Mauvais présage cet échec ? Queu non, mon n'veu.

Soudain un nom me revient à l'esprit. Pourquoi maintenant ? C'est vrai que j'ai entrepris, au pas lent des légionnaires ou à celui des tortues, j'ai entrepris la visite de personnes qui prêtèrent un peu d'attention au jeune homme d'autrefois. 

Isidore F. fut l'homme qui mît sur pieds l'école suisse des techniciens en radiologie (appellation d'époque) à Lausanne. Jusqu'en 1966 cette formation se faisait par "apprentissage". Par quel miracle la Suisse a-t-elle su protéger et développer cette ancestrale méthode d'apprentissage qui mélange si bien le travail pratique (chez un employeur) et les cours théoriques donnés par des établissements semi-étatiques ou corporatifs ? 

On est là dans l'esprit des guildes, jurances, hanses du Moyen-Âge. 

Mais les nouvelles technologies pointant déjà leur nez en ces sixties, un Comité décida de donner plus d'importance à la partie théorique. Avant nous venions "aux cours" un jour par semaine, travaillant le reste du temps chez notre employeur (hôpitaux, cliniques, services privés de radiologie). Désormais nous y venions pour des sessions de trois ou quatre semaines.... 3 ou 4 fois l'an. 

En ce temps-la les "patrons" (les médecins radiologues) décidaient tout pour nous autres "radiographies" ("opérateur en radiologie", dit-on en France ou parfois "manipulateur en radiologie", "technicien" au Québec et chez les Anglo-saxons).

Donc ce fut le Professeur du Centre hospitalier universitaire de Lausanne qui appointa Isidore F. en qualité de "moniteur" de la section romande (francophone) de cette nouvelle "École". Le Professeur Candardjis était un "mandarin", un "patron", un homme raffiné au pouvoir incontestable. Je garde en tête l'image de son sourire quand je le croisais dans les corridors du "Service". Ce sourire disait: ne vous adressez à moi que si vous avez un sujet sérieux. Comme tout bon "patron" il avait une maîtresse, je veux dire une à la fois, il en changeait, certaines sont encore mes amies. 

Isidore ? Il était arrivé en Suisse je ne sais par quel chemin. Peut-être était-il un juif hongrois ? Son épouse était une "sabra" (juive née en Israël). C'était, c'est, un homme intelligent. À côté de son travail de "moniteur d'école de radiologie" il poursuivait des études d'économie. Et au début des années "septante" il abandonnera son poste pour rejoindre la direction de l'hôpital universitaire de Genève. 

Pourquoi tout soudain me souviens-je de lui ? Je ne fus pas le meilleur de ses élèves mais il m'accorda une aimable attention. D'ailleurs, lorsqu'il annonça quatre ans plus tard son départ au Professeur c'est mon nom qu'il suggéra pour reprendre sa charge. 

Le Professeur m'appela dans son bureau. Je refusais l'offre. Le Mandarin accepta mon audacieux refus mais insista pour qu'au moins j'accepte d'enseigner dans cette école à temps partiel. il avait bien évidemment un candidat de rechange mais il s'en méfiait. Alors comme ça on me gardait sous le coude en maintenant une légère pression sur le nouveau moniteur. 

C'est ainsi que durant quelques années, à côté de mon travail dans différents hôpitaux de la région, j'enseignai(s) les techniques de positionnement pour la prise des radiographies. En effet un cliché doit être pris dans une position précise de manière à pouvoir être répété plus tard "en contrôle" dans des conditions comparables. 

J'ai rencontré, plus tard, une fois Isidore F. dans son imposant bureau de l'Hopital universitaire de Genève. Durant une courte période je fis en effet la promotion d'une mousse révolutionnaire (développée par une société de Lyon). Cette mousse  pouvait se modeler et s'appliquer directement sur des plaies béantes en accélérant vertueusement la cicatrisation. Je ne sais pas comment s'est développé son utilisation, mon travail fut de courte durée.

On sait que les personnes âgées font souvent des escarres et leurs soins sont longs et pénibles. Cette mousse apportait une solution.

Isidore F. m'aida à promouvoir ce produit dans ce centre hospitalier. 

image  Mike Brant.

On y arrive à Mike Brant. Ah, Internet ! J'ai vite trouvé l'adresse de mon Isidore F.. Et je suis tombé sur l'extrait d'un livre où l'on parle de la rencontre de Mike Brant (hospitalisé un temps à Genève) et de mon Isidore Mike Brant: la voix du sacrifice: La Voix du Sacrifice

Pour dire vrai, j'ai vaguement dans la tête une de ses chansons. Le reste, je croyais le connaître. Pourtant derrière la légende (dont on se moque encore) je découvre l'itinéraire extraordinaire de ce chanteur israélien. Mike Brant — Wikipédia.

Alors mon insomnie aura été profitable. 

Ayant retrouvé l'adresse de mon Isidore je me demande: irai-je le voir ? J'ai 67 ou 68 ans, lui ? 75 ou 80. 

- Coucou c'est moi !

Et puis quoi encore. Ah, si nous pouvions nous revoir, boire un café sans parler, ça me plairait. 

Retournons à nos fausses enluminures. Bah.... je lui écrirai une petite lettre comme faisaient les gens autrefois. (J'ai écrit cette lettre et je l'ai postée). 

Mais la question revient, pourquoi rencontrer des gens, nous n'entreprendrons rien ensemble, et on racontera un tas de choses sans intérêt. 

Juste voir les gens, en silence, ou alors le bruit du café qu'on boit. La tendresse d'un moment partagé. Mais le reste des discussions ? C'est de la merde, quand on vieillit on n'a plus envie de convertir quelqu'un à nos idées et encore moins de retourner notre veste. 

Je le répète: se rencontrer ne peut être qu'un moment de tendresse. Est-ce le symptôme d'une maladie de l'esprit que  ce désir de ne pas parler, moi le volubile. On moque les "réseaux sociaux" pour leur superficialité, mais après tout nous autres nous rencontrant si chaleureusement, autour d'une table, d'un bon vin partagé, est-ce différent. On fait la tournée des sujets, on s'embrasse, hop à la prochaine. 

P.S.2.: L'ennui, à se lever au milieu de la nuit, c'est que la matinée est longue. Sortie à la déchèterie, située un peu en dessus du village. On y recycle presque 95% de nos résidus. 

Mes oiseaux dévorent tout ce que je leur donne. Pour le milan qui tourne dans le ciel l'hiver est dur. 

....

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